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Le Liban et Israël concluent un accord «historique» sur leur frontière maritime


Le texte prévoit que le gisement offshore de Karish soit sous contrôle d'Israël et que les réserves de Cana soient octroyées au Liban. (photo AFP)

Après d’intenses négociations sous l’égide des États-Unis, Israël a annoncé mardi avoir conclu un accord « historique » avec le Liban pour délimiter leur frontière maritime et lever des obstacles clés à l’exploitation de gisements gaziers en Méditerranée orientale.

Washington mène depuis deux ans une médiation entre les deux voisins, officiellement en état de guerre. Ils avaient signifié début octobre leur satisfaction au projet d’accord mais Israël avait affirmé, jeudi dernier, son refus à une série d’amendements libanais, ce qui avait douché les espoirs. Ces derniers jours, les négociations se sont poursuivies et Israël a indiqué ce mardi avoir reçu une réponse favorable à ses préoccupations sur les amendements libanais.

Sans en dévoiler la teneur, le Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, a annoncé un accord « historique », qui « va renforcer la sécurité d’Israël, injecter des milliards (d’euros) dans l’économie israélienne et assurer la stabilité de notre frontière nord (avec le Liban) ».

« Toutes nos demandes ont été acceptées », avait déclaré plus tôt Eyal Hulata, conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre.

L’accord doit être présenté mercredi au cabinet de sécurité israélien, puis à l’ensemble du gouvernement et au Parlement qui pourrait devoir se prononcer à son sujet.

« Capitulation » 

La présidence libanaise a estimé que la version finale de la proposition était « satisfaisante ». « Elle répond aux demandes du Liban et préserve son droit à ses richesses naturelles », a-t-elle ajouté, espérant que l’accord serait « annoncé au plus tôt ». Beyrouth doit annoncer sa position officielle après que les principaux dirigeants ont été informés du texte définitif.

Cette annonce survient à 20 jours de la fin du mandat du président libanais Michel Aoun, une échéance coïncidant avec les législatives israéliennes du 1er novembre, qui pourraient consacrer le retour au pouvoir de Benjamin Netanyahu avec ses alliés des partis ultra-orthodoxes et de l’extrême droite.

« Il s’agit non pas d’un accord historique mais d’une capitulation historique », a commenté mardi Benjamin Netanyahu dans une déclaration en direct sur Facebook, accusant Yaïr Lapid d’avoir cédé aux pressions du mouvement armé libanais Hezbollah et de son chef Hassan Nasrallah, qui doit d’ailleurs s’exprimer mardi soir.

« Celui qui capitule devant Nasrallah ne peut pas être Premier ministre (…) Israël ne peut pas s’autoriser d’avoir un Premier ministre amateur et faible », a martelé Benjamin Netanyahu, répétant sa menace de ne pas honorer l’accord s’il retourne au pouvoir.

Gagnant-gagnant ? 

Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a lui salué la décision du Liban de soutenir un accord « positif pour les deux parties », malgré les « menaces » du Hezbollah de le torpiller. « Nous n’avons pas fait et ne ferons pas de compromis sur un seul millimètre jugé critique à notre sécurité », a-t-il déclaré.

Selon des informations de presse et des responsables, le texte prévoit que le gisement offshore de Karish soit sous contrôle d’Israël et que les réserves de Cana, situées plus au nord-est, soient octroyées au Liban. Mais comme une partie de ce gisement dépasse la future ligne de démarcation, l’État hébreu toucherait une part des futurs revenus de l’exploitation de Cana, d’après ces sources.

Dans un contexte où l’Union européenne cherche à diversifier ses approvisionnements en gaz en raison de l’invasion russe de l’Ukraine, Israël mise sur Karish, prêt à entrer en production, pour doper ses livraisons vers le Vieux Continent. Dimanche, la société Energean, cotée à Londres et mandatée pour exploiter le gisement, a annoncé le début de tests pour le raccorder au territoire israélien, étape clé pour le début de la production.

En juillet, le Premier ministre israélien Yaïr Lapid avait évoqué ce dossier avec le président français Emmanuel Macron, espérant voir Paris user de son influence pour faciliter un accord avec Beyrouth, d’autant que le français Total est pressenti pour explorer le gisement de Cana.

Mais contrairement à Karish, ce gisement est encore loin de pouvoir être activé et doit faire l’objet de plus de prospection.

L’un des principaux négociateurs libanais, Elias Bou Saab, a assuré mardi qu’il y avait eu « un accord entre Total et les Israéliens » en vertu duquel ces derniers pourraient « recevoir des compensations » du géant énergétique et non du Liban.