Les États-Unis ont espionné de hauts responsables du gouvernement japonais et d’entreprises nippones ainsi que le gouverneur de la banque centrale, a rapporté vendredi le lanceur d’alerte Wikileaks sur son site internet.
Ces affirmations d’une surveillance d’un allié très proche des États-Unis par l’agence de sécurité nationale américaine NSA, suivent d’autres révélations sur des activités d’espionnage en Allemagne et en France. Wikileaks a publié la liste de «35 cibles secrètes de NSA au Japon dont le gouvernement japonais» et «des entreprises japonaises telles que Mitsubishi». «De nombreux responsables de la banque centrale», dont le gouverneur Haruhiko Kuroda, ont également été placés sur écoutes. Le Premier ministre Shinzo Abe lui-même n’est pas mentionné dans cette liste.
«Les documents montrent la profondeur de la surveillance du gouvernement japonais et le fait que des informations de nombreux ministères et services gouvernementaux étaient recueillies et analysées», affirme Wikileaks.
Ils «font apparaître une connaissance détaillée des délibérations internes au Japon sur des sujets tels que les importations de produits agricoles et les différends commerciaux, les positions japonaises dans le cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce, des projets de développement technique du Japon, sa politique en matière de changement climatique, d’énergie nucléaire et concernant les émissions de gaz à effet de serre», poursuit le lanceur d’alertes.
Ces révélations arrivent à un moment embarrassant, alors que se négocie le partenariat transpacifique (TPP), accord de libre-échange en cours de négociation qui regrouperait 12 pays d’Asie-Pacifique.
Washington a également rassemblé des informations tirées de la correspondance de Tokyo avec des organisations internationales telles que l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), des memorandums concernant la stratégie du pays dans ses relations diplomatiques avec les États-Unis et l’Union européenne, ainsi que le contenu d’un briefing confidentiel du Premier ministre organisé dans la résidence officielle de Shinzo Abe».
«Nous voyons dans ces documents le gouvernement japonais s’inquiéter de ce qu’il devrait dire ou ne pas dire aux États-Unis afin d’éviter de compromettre sa proposition concernant le changement climatique ou ses relations diplomatiques», a commenté le fondateur de Wikileaks, l’Australien Julian Assange.
«Et pourtant, nous savons maintenant que les États-Unis entendaient tout et lisaient tout et relayaient ces délibérations des dirigeants japonais à l’Australie, au Canada, à la Nouvelle Zélande et au Royaume-Uni», poursuit-il. Les autorités japonaises n’avaient pas réagi vendredi après-midi.
Le Quotidien/AFP