Les dirigeants des grandes économies de la planète, réunis en G20 à Rome, ont réussi à s’entendre dimanche sur des engagements pour le climat un peu plus ambitieux que ceux de l’accord de Paris, au moment où s’ouvre la COP26 en Écosse.
Alors que le G20 représente près de 80% des émissions polluantes mondiales, ses chefs d’État et de gouvernement devaient donner le ton avant de rejoindre Glasgow, où s’est ouvert dimanche le sommet climat de l’ONU, en fixant leurs objectifs à plus ou moins long terme face au réchauffement climatique.
Selon le projet de communiqué final, le G20 réaffirme l’objectif de l’accord de Paris, à savoir « maintenir l’augmentation moyenne des températures bien en-dessous de 2 degrés et poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5 degré au-dessus des niveaux pré-industriels ». Mais il va un peu plus loin en ajoutant : « Conserver (l’objectif de) 1,5 degré à portée nécessitera des actions et des engagements significatifs et efficaces de tous les pays ». Soit un « langage plus fort » que celui de l’accord de Paris de 2015, ont indiqué deux sources participant aux négociations.
Les pays du G20 se sont également entendus pour arrêter cette année de subventionner de nouvelles projets de centrales électriques au charbon à l’étranger. « Nous mettrons fin à l’octroi de financement public à l’international pour de nouvelles centrales électriques au charbon d’ici la fin de 2021 », indique le texte, qui ne donne pas d’objectif en revanche pour l’abandon du charbon au niveau national.
Les tractations sur le climat se sont poursuivies toute la nuit, selon une source européenne. La conférence de presse de clôture par le chef du gouvernement italien Mario Draghi, dont le pays va transmettre la présidence du G20 à l’Indonésie, est prévue à 16h15. La plupart des dirigeants présents à Rome s’envoleront dans la foulée pour Glasgow.
La conférence climat COP26 est « le dernier et le meilleur espoir » de parvenir à limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, a déclaré son président, le Britannique Alok Sharma à son ouverture en Écosse. Pendant la pandémie de Covid-19, « le changement climatique n’a pas pris de vacances. Tous les voyants sont au rouge sur le tableau de bord du climat », a-t-il ajouté, au premier jour de deux semaines d’une réunion considérée comme cruciale pour l’avenir de l’humanité.
Neutralité carbone au « milieu du siècle »
« L’action climatique ne peut être retardée. Avec nos partenaires, on doit affronter cette crise mondiale de toute urgence et avec ambition. C’est l’objectif du @g20org aujourd’hui », a tweeté dimanche matin le Premier ministre canadien Justin Trudeau. « Les yeux de milliards de personnes, de peuples entiers, sont braqués sur nous et sur les résultats que nous pouvons obtenir », a prévenu samedi soir le président italien Sergio Mattarella au dîner offert aux dirigeants du G20, au palais du Quirinal.
Un des enjeux des négociations portait sur la date à fixer pour atteindre la neutralité carbone : 2050 ? 2060 ? « Le milieu du siècle » est la formulation retenue par le G20 dans le document final. Un horizon moins précis que la date de 2050 voulue notamment par la présidence italienne du G20, « mais tout à fait significatif, considérant la diversité des pays qui participent au G20 », selon la présidence française.
« Certains nous demandent pourquoi nous changeons nos objectifs de 2 degrés à 1,5 degré. Pourquoi ? Parce que c’est ce que dit la science », a déclaré Mario Draghi à ses homologues dimanche matin. « Nous devons écouter les avertissements de la communauté scientifique : répondre à la crise climatique cette décennie ».
Les derniers engagements de réduction des émissions des États de la planète mèneraient vers un réchauffement « catastrophique » de +2,7°C, selon l’ONU. « Le réchauffement mondial atteint déjà 1,1 degré au-dessus des niveaux de l’ère pré-industrielle. À 1,5 degré, des pays seront submergés, et c’est pourquoi nous devons obtenir un accord ici » à Glasgow, s’était encore alarmé Alok Sharma dimanche matin sur la BBC.
Le pape, très sensibilisé sur les sujets environnementaux, a de son côté invité dimanche à prier pour le succès de la COP26, depuis ses fenêtres au palais apostolique au Vatican. « Prions pour que le cri de la terre et le cri des pauvres soient entendus », a-t-il déclaré après la prière de l’Angélus, et pour que « cette rencontre puisse donner des réponses efficaces ».
LQ/AFP