Un espace européen des données de santé va être créé pour permettre aux citoyens du continent de s’affranchir des frontières administratives.
Les négociateurs du Parlement européen et des États membres sont parvenus vendredi à un accord sur une législation facilitant notamment l’accès du personnel de santé au dossier médical d’un patient se trouvant dans un autre État de l’UE que son pays de résidence. «Actuellement, l’accès transfrontalier aux données de santé varie dans l’UE. Les nouvelles règles visent à permettre à un touriste espagnol d’aller chercher un médicament prescrit sur ordonnance dans une pharmacie allemande ou à un médecin d’accéder aux informations médicales d’un patient belge soigné en Italie», indique un communiqué de la présidence belge du Conseil de l’UE.
Ce règlement visant à mettre en place un «espace européen des données de santé» a été proposé par la Commission européenne en mai 2022. Il impose une harmonisation des formats des dossiers médicaux numériques – ordonnances, comptes rendus d’imagerie médicale, résultats de laboratoire et lettres de sortie d’hospitalisation. Il établit un cadre permettant aussi aux chercheurs et autorités publiques de santé d’accéder à des données de santé anonymisées, à des «fins d’intérêt public».
5,5 milliards d’euros d’économie sur 10 ans
La pandémie de covid a montré que des données de santé actualisées étaient cruciales pour réagir aux crises et prendre les mesures adéquates, fait notamment valoir l’exécutif européen. La commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, s’est réjouie de l’accord sur cette législation qui «permettra aux patients de partager leurs données de santé (…) avec les hôpitaux et les praticiens d’un État membre à l’autre, comme ils le souhaitent».
Selon la Commission, cela devrait éviter d’avoir à refaire des radiographies ou analyses médicales coûteuses déjà réalisées dans un autre pays, et permettre d’économiser quelque 5,5 milliards d’euros sur 10 ans. Par ailleurs, le règlement «libèrera le potentiel des données de santé pour le développement de traitements et de dispositifs innovants et vitaux, ainsi que pour améliorer l’élaboration de politiques de santé, le tout avec de solides garanties de protection des données et de sécurité», a assuré la commissaire européenne.
Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) a toutefois regretté que les législateurs européens n’aient pas donné aux citoyens «davantage leur mot à dire pour qu’ils puissent décider eux-mêmes avec qui leurs données sont partagées et dans quel but». Le texte doit encore être approuvé formellement par le Parlement européen et le Conseil avant d’entrer en vigueur.