La Réunion, île française de l’océan Indien, comptait jeudi matin une douzaine de blessés en lien avec le passage du cyclone Batsirai, mais « le pire n’est pas passé », a indiqué le préfet, car l’œil du phénomène météo passait à moins de 200 kilomètres des côtes dans la matinée, charriant des pluies diluviennes.
L’île a été placée en alerte rouge cyclonique mercredi à 19h locales, imposant aux 860.000 habitants de se barricader, alors que feuilles, branches et quelques arbres jonchaient les chaussées à Saint-Denis.
Jeudi matin, le préfet de l’île, Jacques Billant, a déploré douze blessés durant la nuit lors d’un premier bilan, précisant que l’alerte rouge était maintenue.
Si le préfet ne dénombre pour l’heure « aucune victime due au non-respect » des consignes de confinement, l’île compte cependant « 12 blessés en urgence relative : 10 personnes qui ont été intoxiquées au monoxyde de carbone, un sapeur-pompier électrisé au cours d’une intervention sur un feu de pavillon et un blessé suite à une chute d’un toit ».
La préfecture n’a recensé que 25 interventions directement liées au cyclone et insiste sur « le risque d’intoxication au monoxyde de carbone qui peut être généré lors de l’utilisation de groupes électrogènes en milieu fermé ».
« À 7h, (le cyclone) se trouvait à 205 km au nord de la Réunion. Il se déplace à la vitesse de 6 km/h sur une trajectoire ouest sud-ouest », a indiqué lors d’une conférence de presse le préfet qui a estimé qu’il arrivera « au plus près de l’île dans le courant de la matinée, (…) à environ 180 km des côtes ».
« Le plus gros des précipitations est à venir donc prudence quand vous habitez près de cours d’eau », a prévenu le préfet. Météo-France avait par ailleurs estimé que le cyclone passerait au plus près des côtes de ce département français d’Outre-mer vers 11h locales, l’œil serait alors à environ 200 km des terres.
Coupures d’eau et d’électricité
Des coupures d’eau préventives pour préserver les installations touchaient jeudi matin 30.000 personnes et des perturbations sur le réseau électrique ont touché l’ensemble des communes du territoire.
Des coupures d’électricité ont touché jusqu’à 74.000 foyers, a précisé EDF dans un communiqué. À 11h heure locale, « 42.000 de nos clients sont actuellement privés d’électricité » (10% de nos clients). « Grâce à la mobilisation des équipes EDF, 32.000 clients ont pu être réalimentés via des manœuvres à distance », ajoute l’opérateur appelant à ne pas « s’approcher ou toucher un câble tombé à terre en raison des risques d’électrocution ».
« Les conditions sont marquées par des rafales supérieures à 100/110 km/h sur le littoral et entre 120 et 150 km/h dans les hauts. Les pluies concernent l’ensemble du département, mais c’est essentiellement les hauts du Sud et l’intérieur où les cumuls sont les plus marqués (612 mm en 24 heures au Pas de Bellecombe, 715 mm à Grand-Coude) », a indiqué Météo-France jeudi matin.
« Des fortes pluies vont concerner l’ensemble du département. Elles pourraient être particulièrement fortes à proximité du volcan et des cirques » (Mafate, Salazie et Cilaos), a-t-elle précisé.
Le principal aéroport (Roland-Garros) a été fermé. La route du littoral, axe majeur de l’île reliant la capitale administrative Saint-Denis au port et aux villes de l’ouest fortement habitées, a été fermée en raison des risques de forte houle. Ainsi que la route du Cilaos qui serpente dans la montagne.
En fin de semaine, Batsirai devrait toucher les côtes est de Madagascar et notamment la région de Mahanoro, prévoit Météo-France, possiblement au stade de Cyclone Tropical Intense. L’impact pourrait être « majeur » pour cette région et de fortes pluies pourraient concerner la moitié sud de Madagascar.
Chaque année durant la saison cyclonique (de novembre à avril) une dizaine de systèmes dépressionnaires (tempêtes ou cyclones) traversent le sud-ouest de l’océan indien, d’est en ouest. La Réunion peut être touchée par des épisodes de pluies et de vents quand ces phénomènes s’en approchent plus ou moins loin, mais au vu de la petite taille de l’île (2.512 km²), celle-ci est rarement directement touchée par l’œil d’un cyclone.
Le dernier épisode de ce type remonte à 2002 avec le passage du cyclone Dina.