L’épidémie de coronavirus pourrait faire 1,8 million de morts dans le monde même avec de strictes mesures destinées à réduire sa propagation, selon une estimation rendue publique jeudi de chercheurs de l’Imperial College de Londres.
Ces hypothèses sont basées sur des simulations mathématiques bâties selon ce qu’on sait à l’instant T de la maladie Covid-19 (contagiosité, mortalité supposée, etc.) et ne constituent donc pas des « prédictions », comme le soulignent les chercheurs. Un précédent rapport de l’Imperial College mi-mars avait évalué que l’épidémie pourrait faire jusqu’à 510 000 morts au Royaume-Uni et y toucher 81% de la population, dans le cas purement hypothétique où aucune mesure n’aurait été prise.
Cette publication avait fait l’objet de nombreuses critiques notamment méthodologiques dans la communauté scientifique, mais avait toutefois conduit le gouvernement britannique à changer sa stratégie sur l’épidémie face à un tel scénario cauchemar. Dans le cas hypothétique d’une épidémie contre laquelle aucune mesure n’aurait été prise dans le monde, les auteurs modélisent un nombre de victimes pouvant atteindre 40,6 millions de morts, pour 7 milliards de personnes infectées, soit la quasi-totalité des quelque 7,6 milliards d’habitants de la planète.
La date d’entrée en vigueur des mesures de lutte contre l’épidémie joue un rôle clé
Prenant ensuite en compte différentes variables dans les différentes régions du monde (pyramide des âges, revenus, accessibilité des soins…) ils modélisent la réduction attendue des taux de mortalité selon la rapidité d’entrée en vigueur de mesures de lutte contre l’épidémie, notamment le dépistage par tests, la quarantaine des personnes infectées et des mesures de distanciation sociale. En prenant des mesures strictes de confinement suffisamment tôt permettant de contenir le taux de mortalité à 0,2 pour 100 000 par semaine, leur modélisation aboutit à un total mondial de 1,85 million de morts pour près de 470 millions de personnes infectées.
Avec des mesures prises plus tardivement et contenant seulement le taux de mortalité à 1,6 pour 100 000 par semaine ils aboutissent à 10,45 millions de décès, pour 2,4 milliards de personnes touchées. Les auteurs soulignent toutefois que leur étude ne donne que « des éclairages sur les trajectoires possibles (de l’épidémie) et l’impact des mesures pour aider à réduire la diffusion du virus, basés sur l’expérience des pays affectés au début de l’épidémie ». « Toutefois, précisent ils, il n’est pas possible à l’heure actuelle de prédire avec une quelconque certitude le nombre exact de cas pour un pays donné ou la mortalité précise et le poids de l’épidémie qui pourrait en résulter ».
LQ/AFP