La cossue boîte de nuit Reina, visée par une attaque qui a fait 39 morts, dont 15 étrangers, pendant la célébration du Nouvel An, est un haut lieu de la vie nocturne à Istanbul prisé de la jeunesse branchée, des célébrités et des touristes étrangers.
Situé au bord du Bosphore dans la partie européenne d’Istanbul, le club, qui a ouvert en 2002, est aussi accessible par bateau directement depuis le détroit.
Il faut généralement montrer patte blanche pour y passer la soirée et trouver grâce aux yeux de videurs qui ne laissent entrer que des clients triés sur le volet. Les soirées commencent souvent bien après minuit dans ce club très select doté de plusieurs restaurants, pistes de danse et d’un bar central.
La vue depuis la terrasse est spectaculaire avec l’un des trois imposants ponts qui enjambent le Bosphore situé juste au-dessus et les lumières de la rive asiatique qui scintillent au loin.
L’histoire de ce pont est déjà associée à l’un des épisodes les plus violents qu’a vécus la Turquie, puisqu’il a été le théâtre d’affrontements entre soldats factieux et manifestants pendant la tentative de putsch du 15 juillet dernier. Cette date est d’ailleurs devenue depuis le nom officiel du pont.
En dépit de l’islamisation croissante de la société dont se plaignent les détracteurs du président Recep Tayyip Erdogan depuis que son parti est au pouvoir, le club Reina est resté l’un des repaires incontournables de la jet-set turque et des fêtards pas trop regardants sur la dépense.
Au fil des ans, la boîte de nuit est devenue un lieu de rencontres pour les vedettes des équipes de football stambouliotes et celles de séries télévisées très suivies en Turquie. « #Reina. Priez pour Istanbul », a ainsi tweeté l’attaquant vedette de Galatasaray, Lukas Podolski.
Sefa Boydas, footballeur professionnel qui joue pour la modeste équipe stambouliote de Beylerbeyi, et qui était dans la boîte de nuit samedi soir, raconte qu’il avait eu un mauvais pressentiment et qu’il avait hésité à sortir. « Mais un ami m’a dit ça ne peut pas arriver dans un endroit comme Reina. J’ai répondu qu’en fait c’est exactement le genre d’endroit qui est visé », a-t-il raconté.
Les réjouissances ne s’achèvent d’habitude qu’au petit matin et les clients s’engouffrent dans des voitures qui les attendent pour les conduire chez eux.
Le propriétaire du Reina, Mehmet Kocarslan, a condamné l’attaque dans un message publié sur sa page Facebook, dont la photo de profil à été remplacée par un fond noir en signe de deuil.
« Nos cœurs saignent », a-t-il écrit, expliquant que ces dernières semaines les mesures de sécurité avaient été considérablement renforcées dans les quartiers huppés de la rive européenne. Des mesures avaient été prises notamment par les garde-côtes eux-mêmes sur le Bosphore.
« Malgré tous ces efforts des forces de sécurité, c’est arrivé. Nous ne savons pas quoi dire. Les mots nous manquent », ajoute-t-il.
Jusqu’ici synonyme de fête, le nom de Reina sera désormais associé à ce massacre commis pendant la célébration du Nouvel An.
Le Quotidien / AFP