Le Chili est sous le choc après le puissant séisme qui a déclenché l’évacuation d’un million de personnes et fait au moins 12 morts.
Parmi les décombres d’un mur effondré à Illapel, ville proche de l’épicentre, Ana Cortes, 35 ans, témoignait de la peur qu’elle a ressentie pendant le tremblement de terre survenu dans la nuit de mercredi à jeudi: «Cela a été le moment le plus épouvantable, la chose la plus horrible à vivre, tout bougeait, sans s’arrêter».
«Nous avons vécu une nuit de cauchemar, il y a eu beaucoup de mouvement, pendant longtemps, trop longtemps, puis ça a continué avec les répliques», racontait Maria Ramirez en balayant devant sa maison, en face d’un cimetière dévasté par la catastrophe.
Ce séisme de magnitude 8,3, le plus fort à l’échelle mondiale pour 2015, a frappé le centre du pays non loin des côtes, provoquant des évacuations massives avant l’arrivée d’un raz de marée avec des vagues de presque cinq mètres sur le littoral du Pacifique.
Le bilan révisé s’élevait jeudi soir à douze morts et cinq disparus, a annoncé à la presse le ministre de l’Intérieur Jorge Burgos. Selon le Bureau national des situations d’urgence (Onemi), plus de 500 maisons ont été endommagées.
La présidente chilienne Michelle Bachelet s’est rendue jeudi dans le port de pêche de Coquimbo, envahi par la mer après le séisme.
«Nous savons qu’il y a de grandes difficultés, mais nous voulons saluer l’énorme coopération de la population, qui a permis que, face à un séisme d’une telle magnitude, nous ayons malheureusement des victimes mais pas tant que ça», a déclaré la présidente après avoir rencontré des pêcheurs sinistrés.
Le Chili est situé sur ce que les géologues appellent la ceinture de feu du Pacifique, où l’activité sismique est particulièrement intense, et est donc bien préparé à ce genre d’éventualités, ce qui limite généralement le nombre de victimes.
Cependant en février 2010, un séisme de magnitude 8,8 suivi d’un tsunami avait ravagé des villages entiers du littoral, faisant 523 morts et 24 disparus, et causant pour 30 milliards de dollars de dégâts.
« Nous sommes habitués »
La secousse de mercredi a été enregistrée à 19h54 (22h54 GMT) en mer à 46 km à l’ouest de la petite localité de Canela Baja, non loin de la ville d’Illapel, à 230 km au nord de la capitale Santiago, selon l’Institut américain de géologie (USGS).
«C’est un tremblement de terre de grande magnitude, le plus puissant dans le monde en 2015, mais nous les Chiliens, nous sommes habitués», a assuré le ministre de l’Intérieur. Sur la côte, de grandes vagues ont atteint le centre de plusieurs villes, dans la région de Coquimbo, où a eu lieu le séisme, et dans celle de Valparaiso, à 120 kilomètres à l’ouest de la capitale.
«La ville est détruite, cela a été terrible», a raconté un habitant de Tongoy, commune côtière envahie par la mer, sur la chaîne TVN.
Les classes ont été suspendues dans les communes côtières du centre-nord et près de 160.000 familles restaient privées d’électricité, tandis que des dizaines de répliques, dont certaines très fortes, ont été enregistrées jeudi. Le séisme a fait déferler des milliers de Chiliens inquiets dans les rues de Santiago, la capitale de 6,6 millions d’habitants, et des mouvements de panique ont eu lieu dans de nombreuses villes.
«Les gens couraient dans tous les sens, nous ne savions pas vers où courir», a raconté Gloria Navarro, à La Serena (nord). La secousse a été ressentie dans plusieurs régions d’Argentine et jusqu’à Buenos Aires, à 1.400 kilomètres de là, où les bâtiments ont tremblé.
De l’autre côté du Pacifique, la Polynésie française a été placée en «vigilance» dans l’archipel des Marquises, qui pourraient être affectées par des vagues légèrement supérieures à un mètre, selon le laboratoire de géophysique basé à Tahiti.
Plus de 24 heures après le séisme au Chili, un tsunami de 80 centimètres a été enregistré sur la côte Est du Japon, a annoncé l’Agence japonaise de météorologie
AFP/M.R.