Le commissaire européen Pierre Moscovici a taclé jeudi un projet de budget italien « pas bon pour le peuple », tandis que pour la directrice du FMI Christine Lagarde, l’Italie, membre de la zone euro, doit « respecter les règles du club » sur la discipline budgétaire.
« Je n’accepte pas l’idée qu’il y aurait d’un côté une Commission bureaucrate, et de l’autre le budget du peuple. Un budget qui augmente la dette, c’est un budget qui n’est pas bon pour le peuple », a affirmé Pierre Moscovici en marge d’une réunion du FMI à Bali.
La coalition populiste au pouvoir en Italie, en décidant d’un déficit public à 2,4% du PIB l’an prochain, a provoqué fin septembre l’irritation de Bruxelles et de vives tensions sur les marchés financiers. Ce projet de budget, amendé la semaine dernière et qui doit être soumis lundi à Bruxelles, prévoit désormais un déficit ramené à 2,1% en 2020 et 1,8% en 2021. Le précédent gouvernement de centre gauche visait 0,8% en 2019.
L’avant-projet initial a été aussitôt jugé « hors des clous » des règles de la zone euro par Pierre Moscovici, qui qualifie la dette publique italienne « d’explosive ». A quelque 130% de son PIB, l’Italie affiche le ratio d’endettement le plus élevé de la zone euro après la Grèce. Pour le commissaire aux Affaires économiques et financières, « il s’agit de règles en l’occurrence fondées: quand un pays s’endette, il s’appauvrit, et qui paye la dette publique en définitive ? C’est le citoyen. » « Un budget où le déficit (public) augmente à 2,4%, où le déficit structurel se détériore, c’est un budget qui risque d’être en déviation significative par rapport aux normes européennes », a encore martelé Moscovici.
Salvini ne fera « pas marche arrière »
« Quand on appartient à un club, et qu’on décide d’y rester, il faut respecter les règles du club », et « cela s’applique certainement aux engagements italiens (en termes) de discipline budgétaire », a de son côté souligné Christine Lagarde, également à Bali en marge de la même réunion.
Comment l’UE réagira-t-elle au budget italien ? « Il faut éviter de créer une crise entre Bruxelles et Rome, cela n’a pas de sens. L’Italie est au cœur de la zone euro (…) Mais nous ne pouvons pas non plus accepter que la dette publique italienne continue d’augmenter. Il faudra trouver un chemin », a insisté Pierre Moscovici.
De son côté, le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini a prévenu que son gouvernement populiste ne ferait « pas marche arrière » face à Bruxelles sur son budget, tout en fustigeant les « spéculateurs » s’attaquant aux obligations italiennes.
Le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite), au pouvoir à Rome, estiment ce déficit nécessaire pour financer un « revenu de citoyenneté » pour les plus démunis, un système de retraites plus généreux et des baisses d’impôts. « La loi de finances ne changera pas (…) car c’est un budget qui aide le pays », a répété Salvini mercredi.
Pierre Moscovici attend désormais la présentation officielle de l’avant-projet budgétaire italien à la Commission européenne, prévue lundi. « Nous agirons ensuite en conséquence », a-t-il prévenu.
LQ/AFP