Le baron de la drogue en cavale Joaquin «El Chapo» Guzman, un des plus puissants narcotrafiquants au monde, a de nouveau réussi à filer entre les doigts des autorités au Mexique, se blessant à la jambe et au visage dans sa fuite.
Les autorités ont annoncé tard vendredi que les recherches pour capturer Guzman, dont l’évasion spectaculaire en juillet avait embarrassé le président Enrique Peña Nieto, s’étaient concentrées dans le nord-ouest du pays, et sur un ranch où un raid a été lancé.
«Pour éviter d’être capturé, le fugitif a fui précipitamment et ce faisant s’est blessé au visage et à la jambe», a indiqué un communiqué du gouvernement, sans préciser le degré de gravité des blessures de l’homme le plus recherché du pays et dont les États-Unis réclament l’extradition.
Les forces de l’ordre ont souligné que ces blessures «ne sont pas le résultat d’une confrontation directe».
Les autorités n’ont pas précisé où et quand l’opération s’était déroulée, mais les recherches (menées sur la base d’informations communiquées par des gouvernements étrangers) se sont concentrées dans les Etats de Durango et Sinaloa, dans le nord-ouest du pays.
Selon la chaîne américaine NBC News, les forces de sécurité mexicaines ont pu repérer Guzman la semaine dernière après l’interception par des agents américains de signaux de téléphone portable indiquant qu’il se cachait dans un ranch près de Cosala, dans l’Etat du Sinaloa, dans les montagnes de la Sierra Madre.
Les marines mexicains ont effectué une intervention héliportée mais les hommes de main de Guzman ont ouvert le feu sur eux, selon NBC.
Ils ont par la suite débarqué et trouvé des téléphones portables et des médicaments dans le ranch, d’où Guzman et ses hommes auraient fui à bord de véhicules tout-terrain.
«El Chapo» a déjà été arrêté à deux reprises et s’est évadé par deux fois. Le 11 juillet dernier, le narcotrafiquant était parvenu à s’échapper d’une manière spectaculaire d’une prison de haute sécurité.
Guzman s’était évadé par un tunnel de 1,5 kilomètre, circulant sur une moto fixée sur des rails et débouchant sur une maison en construction au milieu des champs.
Les autorités ont inculpé trois gardiens de prison après l’évasion du puissant narcotrafiquant.
Vidéo inédite
Une vidéo inédite de l’évasion d’«El Chapo» avait été obtenue par la chaîne mexicaine Televisa et diffusée mercredi. Elle montre la cellule du trafiquant au moment de son évasion de la prison d’Altiplano et durant les 40 minutes qui ont suivi.
Cette évasion a constitué un sérieux camouflet pour le président Enrique Peña Nieto, qui avait obtenu des succès notables dans la lutte contre les cartels de la drogue au début de son mandat.
Selon des sources de l’Agence antidrogue américaine (DEA), le fugitif a gagné après son évasion une région montagneuse de l’Etat du Sinaloa, où il est né il y a 58 ans et qui est le bastion de son cartel.
«El Chapo» dispose dans cette région de l’appui de la population locale, ont précisé ces sources à l’AFP. Il y est considéré comme un Robin des bois: le leader du cartel de Sinaloa donnait du travail aux paysans, envoyait de la nourriture dans les maisons de retraite et offrait des jouets aux enfants à Noël.
Les autorités américaines coopèrent avec les forces de sécurité mexicaines dans l’espoir de l’extrader aux Etats-Unis. Un juge américain avait transmis le 25 juin une demande formelle d’extradition vers les Etats-Unis.
L’enquête a pris une dimension mondiale du fait de la puissance et des ramifications internationales du cartel de Sinaloa, dirigé par Guzman.
Les Etats de Durango, Sinaloa et Chihuahua se trouvent dans la région productrice de drogue connue sous le nom de «Triangle d’or», un bastion du cartel de drogue de Guzman.
En 2001, «El Chapo» était déjà parvenu à s’échapper d’une prison de haute sécurité, caché dans un panier de linge sale, avant d’être repris en février 2014 après 13 ans de cavale dans un complexe touristique dans la ville de Mazatlan, sur la côte Pacifique.
Une récompense de 3,8 millions de dollars est offerte pour toute information permettant l’arrestation d’«El Chapo», dont le célèbre réalisateur Ridley Scott va adapter au cinéma la vie.
AFP/M.R.