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L’avenir de Merkel est entre les mains du SPD


Andrea Nahles, qui devrait prendre la tête du SPD en avril, et Angela Merkel, en septembre 2017 à Berlin.

Les dirigeants du parti social-démocrate allemand, dans la tourmente, ont affirmé samedi leur optimisme de pouvoir convaincre les adhérents de donner leur feu vert à un gouvernement avec Angela Merkel et mettre ainsi un terme à une longue impasse politique.

Un « oui » des quelque 464 000 adhérents du SPD à une nouvelle coalition gouvernementale avec le camp conservateur est vital pour la chancelière, sortie victorieuse mais affaiblie des élections du 24 septembre. Un vote par correspondance de tous les membres du SPD doit débuter mardi et ses résultats sont attendus pour le 4 mars.

D’ici là, la direction du parti organise une série de conférences régionales pour prêcher les vertus d’une nouvelle grande coalition (« GroKo ») auprès de la base. « Je quitte Hambourg très optimiste », a lancé Andreas Nahles, qui devrait devenir fin avril la première femme à diriger le parti, à l’issue de la première conférence dans le grand port du nord, bastion social-démocrate. « Nous avons eu le sentiment général que le contrat de coalition tel que nous l’avons négocié a rencontré un grand soutien » des militants, a-t-elle poursuivi.

En chute libre

Rainer Litte,, adhérent du SPD de 77 ans, lui a donné raison. « Je suis pour la ‘GroKo’ et je trouve important que nous formions un gouvernement stable », a-t-il indiqué. « Quand on est conscient de ses responsabilités, on ne peut pas rejeter le contrat de coalition ». Mais la consultation intervient alors que le plus vieux parti allemand est en chute libre dans les sondages et traverse une zone de fortes turbulences, marquée notamment par des querelles de chefs et la rébellion des Jeunes du SPD.

La dernière étude en date de la télévision publique ARD crédite le SPD de 16% des intentions de vote, à un point seulement du parti d’extrême-droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Aux législatives de septembre, il avait déjà essuyé le plus mauvais score de son histoire avec 20,5% des voix et n’a cessé de chuter encore depuis.

En cas de feu vert des militants, Angela Merkel, qui dirige l’Allemagne depuis plus de douze ans, pourra entamer son quatrième mandat probablement vers la fin mars. Mais dans le cas contraire, le contrat de coalition négocié dans la douleur entre les deux principales formations du pays pour gouverner ensemble pourra être rangé au placard. Avec pour conséquence probable, la tenue d’élections anticipées incertaines. A moins que la chancelière se résolve à former un gouvernement minoritaire, idée qu’elle a rejetée jusqu’ici.

Sondage favorable

La mission d’Andrea Nahles consiste également à rétablir le calme après des règlements de compte entre dirigeants qui ont provoqué mardi le départ précipité du président du parti, Martin Schulz. Après avoir d’abord proclamé qu’ils préféraient faire une cure de jouvence dans l’opposition, les dirigeants du SPD ont opéré un virage à 180 degrés en raison du blocage de la situation politique en novembre. Un revirement mal vécu par les militants. Beaucoup considèrent que le parti, au fil des alliances avec les conservateurs, a perdu ses racines de gauche.

La prétention de Martin Schulz à obtenir le ministère des Affaires étrangères dans le futur gouvernement de « GroKo », lui qui avait pourtant juré ne jamais participer à un gouvernement sous Angela Merkel, a été la goutte de trop. Andrea Nahles veut désormais se concentrer sur « les contenus », c’est-à-dire le contrat de coalition marqué selon elle d’une forte « empreinte sociale-démocrate ». Le SPD a en effet obtenu plusieurs concessions, en matière de santé ou d’emploi, et six ministères, dont les Affaires étrangères et surtout les Finances, traditionnelle chasse gardée des conservateurs.

Malgré les difficultés, un sondage de l’institut Kantar Emnid publié vendredi a de quoi encourager les dirigeants du SPD: deux tiers de leurs sympathisants se disent en faveur d’une nouvelle GroKo. Les ténors du parti insistent aussi sur le probable désastre que constitueraient de nouvelles élections pour le parti. Mais les jeunes du SPD (Jusos), emmenés par leur très médiatisé chef Kevin Kühnert, ne l’entendent pas de cette oreille. Ils ont lancé une bruyante campagne.

Le Quotidien/AFP