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L’auteur du carnage de Christchurch, un « homme blanc ordinaire » conquis par le fascisme


L'Australien de 28 ans a été inculpé samedi après l'un des pires crimes les plus jamais perpétrés en Nouvelle-Zélande. (Photo : AFP)

Ancien instructeur de fitness dans l’Australie rurale, Brenton Tarrant se présente comme un « homme blanc ordinaire » issu de la classe ouvrière et semble avoir été gagné par l’idéologie néo-fasciste à l’occasion de voyages en Europe.

Cet Australien de 28 ans a été inculpé samedi après l’un des pires crimes les plus jamais perpétrés en Nouvelle-Zélande : le massacre de 49 fidèles dans des mosquées de Christchurch. Lors de sa brève comparution devant le tribunal de cette ville de l’Île du Sud, il a rapidement fait de la main un des signes de reconnaissance des suprémacistes blancs. Il n’avait vraisemblablement pas de casier judiciaire et n’était sur les radars d’aucun service de renseignement néo-zélandais.

Brenton Tarrant a grandi dans la petite ville de Grafton, dans le nord de l’Etat australien de Nouvelle-Galles du Sud, où il a suivi des formations d’instructeur de fitness après sa sortie du lycée. Il travaillera un temps à partir de 2009 dans une salle de gym de la ville. La patronne de cette salle, Tracey Gray, se souvient d’un employé qui travaillait dur mais qui aurait été transformé par ses voyages en Europe et en Asie. Des posts sur les réseaux sociaux laissent penser qu’il serait allé jusqu’au Pakistan et en Corée du Nord.

Jeunesse sans histoire?

« Je pense qu’il a changé pendant les années où il a voyagé à l’étranger », a déclaré Tracey Gray à la chaîne publique australienne ABC. « Ce sont sans doute des expériences vécues, ou un groupe rencontré, qui l’ont fait évoluer à un moment donné. » Une hypothèse étayée par le manifeste de 74 pages truffé de références haineuses publié par le tireur juste avant le début du carnage. Dans ce texte, il raconte avoir pour la première fois envisagé de commettre une attaque en avril ou mai 2017 alors qu’il voyageait en France et en Europe de l’Ouest.

Il affirme avoir été frappé par « l’invasion » de villes françaises par des immigrés et parle du « désespoir » qu’a suscité chez lui la victoire au second tour de la présidentielle française d’Emmanuel Macron face à la candidate d’extrême droite Marine Le Pen.

Intitulé « Le grand remplacement », ce texte indique que le tireur voulait s’en prendre à des musulmans. Le titre semble être une référence à une thèse de l’écrivain français Renaud Camus sur la disparition des « peuples européens », « remplacés » selon lui par des populations non européennes immigrées, qui connaît une popularité grandissante dans les milieux d’extrême droite.

Dans une très courte notice autobiographique accompagnant son manifeste, Brenton Tarrant se présente comme « un homme blanc ordinaire (…) né en Australie dans une famille de la classe ouvrière aux faibles revenus ». Il décrit sa jeunesse comme étant « normale » et, insiste-t-il, sans histoire. Il obtient de justesse son diplôme au lycée mais n’a aucune envie de poursuivre des études plus en avant.

Breivik et Mosley

Des médias ont rapporté que son père était décédé d’un cancer en 2010 et Tracey Gray croit savoir que sa mère et sa soeur vivent toujours à Grafton. Brenton Tarrant quittera la salle de gym en 2011. Ses voyages, raconte-t-il, ont été financés en investissant son argent sur Bitconnect, une cryptomonnaie qui s’est effondrée début 2018 et qui est accusée d’avoir en fait été une pyramide de Ponzi.

Cinq armes, dont deux armes semi-automatiques modifiées -vraisemblablement des AR-15- et deux fusils ont servi au carnage de vendredi. Sur des photos de cet arsenal mises en ligne, apparaissent clairement sur les armes des inscriptions en anglais et dans diverses langues d’Europe de l’Est.

On peut y lire des références à de grandes figures militaires historiques, parmi lesquelles de nombreux Européens ayant combattu les forces ottomanes aux XVe et XVIe siècles. Mais aussi des références aux Croisades.

Dans son manifeste, Brenton Tarrant cite dans le texte différents auteurs d’attaques racistes ou d’ultra-droite, en particulier le Norvégien Anders Behring Breivik qui a tué 77 personnes en juillet 2011. Il affirme avoir eu « un bref contact » avec lui. Au fil du document, il se proclame « raciste », « fasciste » et affirme qu’Oswald Mosley, fondateur en 1932 de l’Union britannique des fascistes, est « dans l’Histoire la personne la plus proche de mes propres croyances ».

AFP