Les troupes russes ont chassé l’armée ukrainienne du centre de Severodonetsk, ville-clé de l’est de l’Ukraine que les deux armées se disputent depuis des semaines, a annoncé lundi l’état-major ukrainien.
« Avec le soutien de l’artillerie, l’ennemi a mené un assaut à Severodonetsk, a enregistré un succès partiel et repoussé nos unités du centre-ville. Les hostilités se poursuivent », a indiqué l’armée dans son point du matin publié sur Facebook. Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk – dont Severodonetsk est le centre administratif pour la partie contrôlée par les autorités ukrainiennes – a confirmé que les forces ukrainiennes avaient été repoussées du centre-ville. Selon lui, les Russes contrôlent « plus de 70% » de la ville. « Les combats de rue se poursuivent (…) les Russes continuent de détruire la ville », a-t-il écrit lundi matin sur Facebook, en publiant des photos d’immeubles en ruines ou en flammes.
De leur côté, les séparatistes prorusses qui combattent aux côtés des forces russes ont affirmé que les dernières divisions ukrainiennes restant à Severodonetsk y étaient désormais « bloquées », après que le dernier pont qui permettait de gagner la ville voisine de Lyssytchansk eut « sauté ». « Les divisions ukrainiennes restantes (à Severodonetsk) y sont pour toujours. Elles ont deux possibilités (..), se rendre ou mourir », a affirmé Edouard Bassourine, porte-parole des séparatistes. Le gouverneur Gaïdaï a cependant démenti tout blocage.
Selon lui, des bombardements russes ont notamment visé l’usine chimique Azot, où s’abritent près de 500 civils dont 40 enfants, et touché des stations d’épuration de la ville. « On essaie de négocier un couloir humanitaire » pour les civils d’Azot, mais « pour l’instant sans succès », a-t-il dit dans une interview télévisée postée sur son compte Telegram.
Dans la ville voisine de Lyssytchansk, trois civils dont un garçon de six ans ont péri dans des bombardements au cours des dernières 24 heures, selon lui. M. Gaïdaï a par ailleurs fait état de 50 « traîtres », accusés par les services spéciaux ukrainiens de transmettre des informations aux Russes via l’internet de centres d’aide humanitaire ukrainiens.
La région industrielle et essentiellement russophone du Donbass, où Moscou se concentre son offensive actuellement, a gardé après la chute de l’URSS et l’indépendance de l’Ukraine de forts liens économiques et culturels avec la Russie. Elle est en partie contrôlée par des séparatistes prorusses appuyés par Moscou depuis 2014, après l’annexion de la Crimée. Prendre Severodonetsk ouvrirait à Moscou la route d’une autre grande ville du Donbass, Kramatorsk, étape importante pour conquérir l’intégralité de cette région frontalière de la Russie.
Alors que Kiev souligne que les forces russes ont une supériorité en artillerie très nette, un responsable ukrainien a détaillé lundi les besoins d’armes de l’Ukraine: « 1.000 obusiers calibre 155 mm, 300 systèmes de lance-roquettes multiples, 500 chars, 2.000 véhicules blindés, 1.000 drones », a écrit sur Twitter Mikhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne.
Il a émis l’espoir que les ministres de la Défense du « groupe de contact » sur l’Ukraine, qui doit se réunir le 15 juin à Bruxelles autour du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, apporte « une décision ».