La Russie vise le contrôle total du sud de l’Ukraine et de la région orientale du Donbass pour disposer d’un pont terrestre vers la Crimée annexée par Moscou, a indiqué vendredi un haut responsable militaire russe.
« Depuis le début de la deuxième phase de l’opération spéciale, phase qui a commencé il y a deux jours, l’un des objectifs de l’armée russe est d’établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l’Ukraine », a déclaré le général Roustam Minnekaïev, commandant adjoint des forces du District militaire du Centre de la Russie.
« Cela permettra d’assurer un couloir terrestre vers la Crimée, ainsi que de peser sur des infrastructures vitales de l’économie ukrainienne, les ports de la Mer Noire à travers lesquelles se font les livraisons de produits agricoles, métallurgiques », a-t-il poursuivi, cité par les agences de presse russes, lors d’une réunion avec des entreprises du complexe militaro-industriel russe à Ekaterinbourg (Oural).
Ces propos semblent confirmer que la Russie vise aussi de conquérir Odessa, le grand port ukrainien et troisième ville du pays.
Selon Minnekaïev, le contrôle du sud de l’Ukraine doit aussi permettre de venir en aide aux séparatistes pro-russes de Transdniestrie, qui contrôlent depuis 1992 ce territoire de Moldavie frontalier de l’ouest de l’Ukraine. Une garnison militaire russe s’y trouve déjà.
« Le contrôle du sud de l’Ukraine, c’est également un couloir vers la Transdniestrie, où on observe également des cas d’oppression de la population russophone », a assuré le général Minnekaïev.
La Moldavie est un petit pays roumanophone d’ex-URSS qui est dirigé par un pouvoir pro-occidental.
Le Kremlin présente son offensive en Ukraine, lancée le 24 février, comme une opération pour protéger les populations russophones. Il affirme ne pas vouloir occuper son voisin et assure que la mission fixée actuellement vise à « libérer » le Donbass avec ses alliés séparatistes de cette région.
« Nous combattons le monde entier, en ce moment, comme lors de la Grande guerre patriotique (nom donné à la Deuxième guerre mondiale en Russie, ndlr), toute l’Europe, toute la planète était alors contre nous. C’est la même chose maintenant, ils n’ont jamais aimé la Russie », a affirmé le général Minnekaïev.
Cette annonce intervient en lendemain de la revendication par Vladimir Poutine de la « libération » du port stratégique ukrainien de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, au cœur d’une grande bataille depuis quasiment deux mois.
Le président russe a ordonné d’assiéger les derniers défenseurs ukrainiens de la ville, retranchés dans un immense site métallurgique, plutôt que de donner l’assaut.