L’Arabie saoudite a pris dimanche pour la première fois les rênes de la présidence tournante du G20, avec l’espoir de redorer son blason sur la scène internationale face aux vives critiques sur son bilan en matière de droits humains.
Le pays riche en pétrole s’est lancé ces dernières années dans un programme de réformes économiques et sociales, en accordant notamment davantage de droits aux femmes. Mais les ONG dénoncent une répression accrue des critiques du régime, un an après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi par des agents saoudiens dans le consulat de son pays à Istanbul.
« L’Arabie saoudite a commencé sa présidence du G20 qui se poursuivra jusqu’au sommet des dirigeants à Ryad les 21 et 22 novembre 2020 », a indiqué dimanche l’agence saoudienne SPA. Le royaume saoudien, qui succède au Japon, est le seul pays arabe membre de cette organisation, qui regroupe les principales puissances économiques mondiales, dont les États-Unis, la France, la Chine ou encore l’Union européenne. « C’est une occasion unique de forger un consensus mondial sur les questions internationales », a déclaré le prince héritier Mohammed ben Salmane, cité par SPA. Selon l’homme fort de l’Arabie Saoudite, son pays aura à cœur de « mettre en avant la vision du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ».
Appel à faire pression
Les organisations de défense des droits humains ont exhorté les États membres du G20 à faire pression sur le royaume, théâtre d’une répression accrue selon elles, ayant conduit à l’arrestation de plusieurs femmes militantes, de journalistes et d’opposants politiques ces deux dernières années. Au moins neuf personnes, dont des journalistes et des écrivains, ont été arrêtées lundi dans une nouvelle campagne de répression, certains ayant été libérés par la suite, selon des militants. Neuf écrivains, universitaires et blogueurs, dont deux ressortissants américains, avaient été arrêtés en avril 2019. L’Arabie saoudite détient également depuis juin 2018 une douzaine de militantes féministes.
« L’Arabie saoudite accède à la présidence du G20 au milieu d’une nouvelle vague d’arrestations arbitraires de critiques pacifiques (…) et un peu plus d’un an après le meurtre horrible de Jamal Khashoggi », a déploré la directrice d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Heba Morayef. « Les dirigeants du G20 doivent faire pression sur le prince héritier Mohammed ben Salmane pour le respect de tous les droits humains, y compris la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique », a-t-elle ajouté dans un communiqué vendredi.
LQ/AFP