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L’Allemagne se rapproche d’une coalition entre SPD, Verts et libéraux


Les Verts,Annalena Baerbock et Robert Habeck ont donné une conférence de presse à Berlin ce mercredi. (photo AFP)

Sociaux-démocrates, Verts et libéraux allemands vont entamer jeudi des discussions préliminaires pour tenter de bâtir une coalition qui exclurait les chrétiens-démocrates de la chancelière sortante Angela Merkel.

Dix jours après des élections remportées d’une courte tête par les sociaux-démocrates du SPD, les tractations en coulisse s’accélèrent en Allemagne, encore marquée par les mois de paralysie provoquée en Europe en 2017 par d’interminables négociations entre partis politiques.

Les écologistes, arrivés en troisième position du scrutin du 26 septembre, ont ainsi annoncé mercredi matin qu’ils souhaitaient approfondir les pourparlers avec les seuls SPD et FDP (libéraux).

« Notre intérêt est de faire avancer les choses rapidement », a fait valoir la coprésidente des Verts, Annalena Baerbock.

« Biscuit » 

« Les discussions de ces dernières semaines ont montré que les plus grandes intersections en termes de contenu sont concevables dans ce schéma (avec le SPD et le FDP), notamment dans le domaine de la politique sociale », a abondé l’autre coprésident du parti écologiste, Robert Habeck.

Les libéraux du FDP, qui partagent avec les « Grünen » le rôle de faiseurs de chancelier, ont dans la foulée saisi la main tendue par les écologistes, bien qu’ils n’aient pas caché ces dernières semaines pencher plutôt pour une alliance avec les conservateurs. « Je viens de proposer à M. (Olaf) Scholz (le chef de file du SPD), en accord avec les Verts, de nous rencontrer demain (jeudi) pour une discussion entre nous trois, et cela aura lieu », a ainsi annoncé le président du FDP, Christian Lindner, dessinant les contours d’un futur gouvernement de « centre progressiste ».

Ces discussions préliminaires ne signifient pas pour autant que la coalition « feu tricolore », d’après la couleur de chacun des trois partis, sera formée et qu’Olaf Scholz succèdera à la chancellerie dans les prochaines semaines à Angela Merkel. « Le biscuit est loin d’être mangé » et l’accord n’est pas ficelé, a ainsi tempéré Robert Habeck.

Christian Lindner a lui souligné qu’une coalition « jamaïcaine » avec les écologistes et chrétiens-démocrates, en référence là aussi aux couleurs des trois formations, restait « une option viable en termes de contenu ». Les discussions s’annoncent en effet tendues entre des partis que beaucoup oppose, notamment en termes de fiscalité, avec des libéraux opposés aux hausses d’impôts envisagées par le SPD.

Une coalition à trois partis serait de surcroît une première en Allemagne depuis 1950.

Cure d’opposition

La CDU-CSU, menée par l’impopulaire Armin Laschet, n’a elle pas renoncé à tenter de former une coalition dite « jamaïcaine » et à conserver une chancellerie qu’elle occupe depuis 2005. Ses dirigeants se sont entretenus avec les libéraux dimanche, puis les Verts mardi, pour tenter de les convaincre de bâtir cet attelage, le seul à même de leur permettre de conserver les commandes du pays après 16 années d’ère Merkel.

Mais leurs échanges avec les Verts ont fuité mardi soir dans la presse, ce qui a ulcéré les écologistes. « La confiance signifie aussi que tout n’est pas publié dans les journaux » immédiatement, a fait valoir Annalena Baerbock.

Une telle coalition paraît d’autant peu probable qu’elle est loin d’être l’option privilégiée par les Allemands. Une majorité d’entre eux (53%) souhaitent ainsi une coalition entre SPD, Verts et FDP, contre moins d’un quart (22%) favorables à une coalition « jamaïcaine ». En outre, 74% des personnes interrogées estiment que la CDU-CSU devrait faire une cure d’opposition, selon un sondage Forsa publié mercredi.

Les ténors conservateurs semblent, pour une partie d’entre eux, s’être fait une raison, à l’instar du ministre de l’Économie, Peter Altmaier.

« Le train du ‘feu tricolore’ vient de quitter la gare. Pour la première fois en 41 ans, le FDP et le SPD (et les Verts) parlent sérieusement d’une coalition », a twitté ce proche d’Angela Merkel. Pour lui, les membres de la « CDU-CSU sont des observateurs. Nous devons maintenant faire notre devoir et montrer que nous avons compris la leçon » du 26 septembre, avec les conservateurs pour la première fois depuis 1950 sous la barre des 30%.

AFP/LQ

 

Les conservateurs « encore prêts » à mener des négociations de coalition 

Le chef du parti conservateur allemand Armin Laschet a déclaré mercredi être encore prêt à mener des négociations en vue d’une coalition gouvernementale, même si libéraux et Verts ont déclaré vouloir discuter avec les sociaux-démocrates.

« Nous respectons le fait qu’il va y avoir désormais des discussions entre le FDP, les Verts et le SPD », a déclaré Armin Laschet, tout en ajoutant que les conservateurs, arrivés en deuxième position aux élections législatives, étaient « encore prêts » à mener des discussions en vue de former un gouvernement.