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L’Allemagne se déchire sur les agressions de Cologne


"Celui qui commet des infractions graves doit être expulsé d'Allemagne, quel que soit son statut", a déclaré le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière. (Photo AFP)

Conservateurs et sociaux-démocrates au pouvoir en Allemagne se divisaient jeudi sur l’opportunité d’expulser plus facilement des réfugiés après la vague d’agressions du Nouvel An à Cologne, attribuées à des hommes d’origine étrangère.

« Celui qui commet des infractions graves doit être expulsé d’Allemagne, quel que soit son statut », a déclaré mercredi le ministre conservateur de l’Intérieur Thomas de Maizière, bien que l’identité des agresseurs reste floue et qu’aucun demandeur d’asile n’ait été mis en cause.

La loi allemande impose une condamnation d’au moins trois ans de prison pour permettre l’expulsion d’un demandeur d’asile pendant l’examen de son dossier, à la condition supplémentaire que sa vie ou sa santé ne soient pas menacées dans son pays d’origine. « Nous allons devoir discuter pour savoir s’il faut changer » ces règles, a poursuivi Thomas de Maizière, alors que le texte allemand reflète à la fois les exigences de la Convention de Genève et celles de la Convention européenne des droits de l’Homme.

Les détracteurs de Merkel font le pressing

Le responsable de la politique intérieure au sein des conservateurs bavarois (CSU), Stephan Mayer, a de son côté demandé jeudi dans Die Welt qu’une expulsion soit possible « dès qu’une condamnation à de la prison ferme » est prononcée. Le parti social-démocrate, partenaire des conservateurs de la chancelière Angela Merkel au niveau fédéral, a immédiatement rejeté cette idée. Son vice-président, Ralf Stegner, a estimé dans Die Welt que multiplier les propositions n’était « pas une manière responsable de gouverner ». Il a jugé plus urgent de mettre en œuvre « les accords déjà conclus, par exemple le renforcement des effectifs de la police fédérale ».

Révélées à mesure que s’accumulaient les plaintes de femmes victimes d’agressions sexuelles ou de vols en plein centre-ville, les agressions du Nouvel An à Cologne scandalisent depuis l’Allemagne, ajoutant à la pression contre la politique d’ouverture aux réfugiés d’Angela Merkel. Ceci en dépit du fait que les autorités martèlent ne disposer d’aucun élément impliquant des réfugiés.

Seize suspects identifiés

La police allemande a indiqué jeudi avoir identifié « seize suspects » et a enregistré 121 plaintes après les dizaines d’agressions de femmes. « La cellule d’enquête Nouvel An », dans laquelle travaillent 80 policiers, « a identifié 16 jeunes hommes (…) en grande partie originaires d’Afrique du Nord » qui « pourraient » être impliqués dans les faits, indique dans un communiqué la police locale, qui ne parle pas en revanche d’interpellations.

La police va procéder à l’examen d’images de vidéosurveillance et de récits de témoins afin de déterminer le degré d’implication de ces hommes, selon la même source. La police indique pour l’instant avoir enregistré 121 plaintes. « Dans environ un tiers des cas, il s’agit de délits à caractère sexuel (…) Dans les autres cas, les enquêtes sont en cours pour des faits de blessures ou de vols », selon la même source.

« Des policiers et des passants ont pu empêcher que des viols » ne soient commis et « des femmes, accompagnées ou pas, ont essuyé un harcèlement nourri indescriptible », poursuit la source. La police « n’a pas pu maitriser l’ensemble des événements, des agressions, des délits… parce qu’ils y en a eu trop en même temps », résume encore l’officier.