Pillages et incendies faisaient rage lundi en Afrique du Sud, au quatrième jour de violences initialement déclenchées par l’incarcération de l’ex-président Zuma mais qui semblent relever désormais de la délinquance et du désespoir économique.
Routes bloquées et centres commerciaux ravagés par des foules : les télévisions locales diffusaient en direct des images de situations tendues dans la province du Kwazulu-Natal, où Jacob Zuma a été incarcéré jeudi et où les premières manifestations de colère ont dégénéré dès le lendemain, mais aussi dans la capitale économique Johannesburg.
Ces images montraient notamment un immense panache noir au-dessus du centre commercial de Brookside à Pietermaritzburg et des pilleurs se précipitant vers l’entrée du bâtiment en feu alors que d’autres sortaient avec des caddies entiers de marchandises. Un supermarché à Eshowe, ville située à une trentaine de kilomètres de Nkandla, où Zuma a une somptueuse résidence rénovée aux frais du contribuable sous sa présidence (2009-2018), a été dévalisé lundi matin avant l’arrivée de la police qui a dispersé la foule en tirant des balles en caoutchouc, comme déjà la veille dans les quartiers pauvres de Johannesburg.
Des camions ont été incendiés le long d’une route nationale près de Durban, un port majeur en Afrique australe, ainsi que de nombreuses voitures dans les deux régions affectées.
Le président appelle au calme
À Johannesburg, des pillages se sont poursuivis dans la nuit de dimanche à lundi. Et des bouts d’autoroute restaient entravés dans la matinée, selon la police. Des dizaines de suspects ont été arrêtés, toujours selon la police.
Le président Cyril Ramaphosa a réitéré dimanche soir un appel au calme, s’inquiétant de ces actions « sporadiques mais de plus en plus violentes ». « Certains se sentent sans doute blessés et en colère mais rien ne justifie des actions aussi destructrices », qui risquent de plomber encore une économie fragilisée, a plaidé le président.
Jacob Zuma s’est constitué prisonnier jeudi, après avoir été condamné fin juin à 15 mois de prison ferme pour avoir refusé de témoigner devant une commission qui enquête sur la corruption d’État sous sa présidence. Cet ancien combattant anti-apartheid reste populaire, notamment en pays zoulou, sa région d’origine.
LQ/AFP