Le Premier ministre hongrois Viktor Orban juge que l’afflux des réfugiés en Europe, « musulmans dans leur majorité », constitue une menace pour l’identité chrétienne de l’Europe, dans une tribune publiée jeudi, une vision rejetée par la chancelière allemande Angela Merkel notamment.
« Il ne faut pas oublier que ceux qui arrivent (…) sont les représentants d’une culture profondément différente », affirme M. Orban dans cette tribune publiée dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). « Dans leur majorité, ce ne sont pas des chrétiens mais des musulmans. C’est une question importante, car l’Europe et l’identité européenne ont des racines chrétiennes », poursuit-il.
« N’est-ce pas déjà en soi préoccupant que la culture chrétienne de l’Europe ne soit quasiment plus en capacité de maintenir l’Europe dans le système de valeurs chrétiennes ? Si l’on perd cela de vue, la pensée européenne peut se retrouver en minorité sur son propre continent », estime le Premier ministre hongrois, actuellement en déplacement à Bruxelles.
Dans une allusion voilée à cette tribune, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré, lors d’un déplacement à Berne, que « dans la mesure où nous avons en tête des valeurs chrétiennes, alors je crois qu’il est important que la dignité de chaque être humain (…) doit être protégée partout là où elle est en danger ».
Sur la question des réfugiés, « l’Allemagne fait ce qui est moralement et juridiquement requis, ni plus, ni moins », a-t-elle ajouté. M. Orban a affirmé, lors d’une conférence de presse jeudi à Bruxelles, que le problème des réfugiés « n’est pas européen mais allemand ».
« La Hongrie a raison (lorsqu’elle) dit que nous devons aussi protéger nos frontières », a poursuivi Mme Merkel. Mais « la Convention de Genève sur les Réfugiés n’est pas seulement valable pour l’Allemagne, elle l’est aussi pour chaque Etat membre de l’Union européenne (…) Le principe (de cette Convention) est que tous ceux qui ont besoin d’aide l’obtiennent. Ca doit aussi être valable pour chaque Etat européen », a-t-elle insisté.
En réaction à la tribune de M. Orban dans la FAZ, le président du Conseil européen Donald Tusk, qui recevait jeudi M. Orban à Bruxelles, a déclaré alors qu’il se trouvait à ses côtés: « je voudrais souligner que pour moi être chrétien en public, dans la vie sociale, signifie avoir un devoir envers ses frères dans le besoin ».
Etre chrétien, c’est « montrer que l’on est prêt à faire preuve de solidarité » et « pour un chrétien, cela ne devrait pas être une question de race ou de religion », a-t-il poursuivi. Dans le FAZ, M. Orban juge par ailleurs inutile de parler de quotas d’accueil tant que le flot de réfugiés n’est pas stoppé.
« La protection des frontières est la question la plus importante », assure-t-il, ajoutant: « L’Europe doit comprendre que l’on ne peut pas accueillir quand on est submergé. Et là, on est submergé ».
AFP / S.A.