La Turquie a annoncé jeudi le déploiement d’un millier de policiers le long d’un fleuve frontalier avec la Grèce pour « empêcher » Athènes de « repousser » les migrants qui essaient de le franchir depuis qu’Ankara a décidé de les laisser passer.
« Ce matin, nous avons envoyé le long du fleuve Meriç (Evros, en grec) 1.000 membres des forces spéciales de la police, pleinement équipés, pour les empêcher de repousser » les migrants, a déclaré le ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu, lors d’une visite dans la zone frontalière. La Turquie a ouvert la semaine dernière ses frontières avec la Grèce pour laisser passer les migrants déjà présents son territoire. Depuis cette annonce, des dizaines de milliers de personnes se sont massées le long de la frontière terrestre entre la Turquie et la Grèce, essayant de passer par des postes frontaliers ou en traversant le fleuve. D’autres ont réussi à gagner la Grèce en rejoignant les îles égéennes, comme Lesbos et Chios.
Athènes a annoncé avoir empêché ces derniers jours plusieurs milliers de migrants d’entrer « illégalement » sur son territoire. Plusieurs migrants interrogés du côté turc ont indiqué avoir été renvoyés par les autorités grecques après avoir été interceptés de l’autre côté de la frontière, souvent après avoir été dépouillés de leurs effets personnels: argent, téléphone, chaussures. La Turquie accuse en outre les forces frontalières grecques d’avoir tué trois migrants, ce qu’Athènes a fermement démenti, rejetant des « fausses informations ».
L’Union européenne a qualifié de « chantage » la décision prise par Ankara d’ouvrir ses frontières, au moment où la Turquie est en quête d’un appui occidental en Syrie. L’afflux de migrants vers la Grèce a réveillé en Europe la crainte d’une nouvelle crise migratoire semblable à celle qui a secoué le continent en 2015.
LQ / AFP