À Paris, de nombreux visiteurs français et étrangers l’attendaient depuis près de neuf mois, sa plus longue fermeture après-guerre : la tour Eiffel a rouvert ses portes vendredi au public, après un mois de « check up » complet et avec un pass sanitaire obligatoire.
Toutes premières touristes à pénétrer dans la zone, Ila et sa fille Helena, venues de Hambourg, en Allemagne, ont patienté plus de deux heures pour le dernier jour de leur séjour dans la capitale française, organisé au dernier moment. « La semaine dernière, on s’est décidées à venir et ma mère a vu que c’était le jour de réouverture », explique Helena. « C’est un cadeau d’être ici », s’enthousiasme Ila, très satisfaite de son séjour. « On aime beaucoup Paris. »
Une fanfare a accueilli les premiers visiteurs, qui se pressaient par dizaines à l’entrée du site. Plus de 70 000 billets ont déjà été vendus en ligne jusqu’à fin août, la moitié à une clientèle française, alors que les étrangers représentent en temps normal 80 % des visiteurs. « Le tourisme repart à Paris et on peut retrouver le bonheur de partager, avec tous les visiteurs du monde entier, ce monument et Paris », s’est réjoui le président de la Sete Jean-François Martins, interrogé par la presse française et étrangère sitôt après l’ouverture des guichets entre deux pieds de la Dame de Fer.
La capacité d’accueil a été réduite à 50 %, soit 13 000 visiteurs maximum par jour, en raison notamment de la jauge sanitaire imposée dans les ascenseurs face à l’épidémie de Covid-19.
Et dès mercredi, conformément à ce qu’a annoncé le président français, Emmanuel Macron, pour les lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes, le pass sanitaire sera obligatoire pour accéder au monument. Selon Jean-François Martins, c’est « inévitable ». « Évidemment, c’est une petite complexité opérationnelle supplémentaire à mettre en œuvre en quelques jours, mais ce n’est pas insurmontable », relativise-t-il.
Les Américains de retour
D’où viendront les visiteurs ? Ouverte depuis le 1er juin avec 70 000 billets vendus jusqu’à fin août, mais en majorité pour la deuxième quinzaine de juillet, la billetterie en ligne permet d’esquisser les premières tendances : une moitié de Français, une moitié d’étrangers avec « une belle proportion d’Américains » (15 %) et un tiers d’Européens. Chez ces derniers, Brexit et variant Delta obligent, « l’absence totale des Britanniques est très marquante, alors qu’ils sont traditionnellement la clientèle la plus présente », souligne le président de la Sete.
Dans les réservations, très peu de voyageurs longue distance comme les Asiatiques, qui passent beaucoup par les agences de voyage. Mais entre incertitudes sanitaires et météorologiques, « on va avoir beaucoup de billets vendus le jour même », prédit Jean-François Martins qui mise sur « une bonne moitié » de tickets écoulés in situ.
En ce mois de juillet, le célèbre monument, propriété de la Ville de Paris, déjà fermé entre mars et juin 2020 lors de la première vague, est à la croisée des chemins. La fin de sa plus longue période de fermeture coïncide avec une recapitalisation de 60 millions d’euros, validée lundi par son conseil d’administration. Cette augmentation de capital doit permettre à la Sete de surmonter la perte d’environ 70 millions d’euros projetée pour 2021, après un déficit de 52 millions en 2020.
Cette année, après six mois de fermeture et un second semestre planifié en demi-jauge, « nous ne pourrions faire que 25 % de notre revenu normal, dans un modèle absolu », souligne Jean-François Martins, en discussions avec l’État « pour qu’il nous aide à passer la période ».
Dans cette période difficile, le chef-d’œuvre de Gustave Eiffel, qui a accueilli jusqu’à 7 millions de visiteurs en 2014 et encore 6,2 millions en 2019, doit aussi faire face au défi logistique du chantier de peinture que lui imposent ses 132 printemps.
AFP/LQ