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La Russie poursuivra ses raids à Alep malgré la catastrophe humanitaire


Quelque 600 personnes blessées ne peuvent actuellement pas être soignées à Alep en raison du manque de personnel ou de matériel adéquat. (photo AFP)

La Russie a annoncé jeudi n’avoir aucune intention de faire une pause dans ses raids aériens en Syrie en soutien aux forces de Bachar al-Assad, malgré les appels de toutes parts à cesser le déluge de feu à Alep où la situation humanitaire est désespérée.

Dans les quartiers rebelles de la deuxième ville de Syrie, des « centaines » de personnes ont besoin d’être évacuées pour des raisons médicales, tandis que les rations alimentaires disponibles ne couvrent les besoins que d’un quart de la population, s’alarme l’ONU.

Réaliste, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a lui été obligé de constater que des négociations de paix paraissent « très difficiles » à organiser alors que « les bombes tombent partout ».

A Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a en effet annoncé que l’aviation russe poursuivrait « son opération en soutien à la lutte antiterroriste des forces armées syriennes », tout en fustigeant les critiques « non constructives » émises par les responsables américains à la veille du premier anniversaire de l’intervention militaire russe en Syrie.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a semblé perdre patience mercredi en menaçant, lors d’une conversation téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov, d’arrêter la coopération avec Moscou sur la Syrie si les bombardements des quartiers rebelles d’Alep ne cessaient pas.

Le responsable américain a appelé à Moscou prendre « des mesures immédiates pour mettre fin à l’assaut sur Alep et rétablir la cessation des hostilités ». Ville-clé du conflit divisée entre quartiers rebelles et quartiers tenus par le gouvernement, Alep est soumise à d’intenses frappes de l’aviation russe et syrienne depuis l’échec d’une trêve négociée le 9 septembre par les Russes et les Américains.

Les capitales occidentales ont laissé entendre que les bombardements du régime et de son allié russe pouvaient s’apparenter à des « crimes de guerre ». Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a notamment annoncé que son pays avait proposé à l’ONU une résolution pour un cessez-le-feu.

Et jeudi, la chancelière allemande Angela Merkel et le président turc Recep Tayyip Erdogan ont joint leurs voix aux critiques en affirmant que la Russie avait une « responsabilité particulière pour réduire la violence en Syrie ».

Sourd aux critiques, le Kremlin se dit prêt à continuer à coopérer avec Washington « pour la mise en oeuvre des accords » de cessez-le-feu et pour « accroître l’efficacité de la lutte contre le terrorisme en Syrie ».

« Mais Moscou espère aussi que les obligations que Washington a accepté d’assumer seront respectées. Jusqu’à présent, elles ne l’ont pas été », a-t-il ajouté.

La Russie exige que les États-Unis fassent pression sur les rebelles syriens pour qu’ils prennent leurs distances avec les groupes jihadistes tels que le Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda).

600 blessés sans soins

Mercredi à l’aube, les deux plus grands hôpitaux de la partie rebelle d’Alep ont été contraints de suspendre leurs activités après avoir été endommagés, l’un par un raid, l’autre par un tir d’artillerie, a annoncé la Syrian American Medical Society (SAMS), l’ONG basée aux États-Unis qui les gère.

Selon Médecins sans frontières (MSF), au moins deux patients ont été tués et deux membres du personnel soignant blessés dans ces attaques, qualifiées de crime de guerre » par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

Quelque 600 personnes blessées ne peuvent actuellement pas être soignées à Alep en raison du manque de personnel ou de matériel adéquat, a pour sa part déploré l’envoyé spécial adjoint de l’ONU sur la Syrie, Ramzy Ezzeldin Ramzy.

Selon M. Ramzy, le stock des fournitures médicales a beaucoup diminué, et il reste environ 35 médecins dans les quartiers est, où vivent quelque 250.000 personnes.

La guerre en Syrie a débuté en 2011 après la répression sanglante de manifestations pro-démocratie. Elle a fait plus de 300.000 morts.

Le Quotidien / AFP