La Russie a affirmé lundi que l’Ukraine était entrée « dans la phase finale » de la fabrication de sa « bombe sale », une affirmation que Moscou brandit depuis dimanche et qui est fermement rejetée par Kiev et ses alliés occidentaux.
« Selon les informations dont nous disposons, deux organisations ukrainiennes ont des instructions spécifiques pour fabriquer la soi-disant « bombe sale ». Leur travail est entré dans la phase finale », a déclaré dans un communiqué le lieutenant-général Igor Kirillov, en charge au sein de l’armée russe des substances radioactives, des produits chimiques et biologiques.
Selon lui, « le but de cette provocation est d’accuser la Russie d’utiliser des armes de destruction massive en Ukraine et de lancer ainsi une puissante campagne antirusse dans le monde », a-t-il accusé, estimant que Kiev voulait notamment « intimider la population locale et augmenter le flux de réfugiés à travers l’Europe ». « La détonation d’un engin explosif radioactif entraîner(ait) inévitablement la contamination de la zone sur une superficie pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres carrés », a-t-il mis en garde.
M. Kirillov a également accusé le Royaume-Uni d’entretenir « des contacts » avec Kiev « sur la question de l’obtention éventuelle des technologies (nécessaires) à la production d’armes nucléaires » par l’Ukraine.
Les allégations de Moscou à l’encontre de Kiev selon lesquelles l’Ukraine souhaiterait recourir à une « bombe sale » sont « fausses », ont fustigé lundi dans une déclaration conjointe Paris, Londres et Washington.
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a de son côté indiqué avoir échangé avec le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, à ce sujet et avoir « officiellement invité l’AIEA à envoyer d’urgence des experts dans des installations pacifiques en Ukraine », ces structures où la Russie « prétend trompeusement » que l’Ukraine y développe une « bombe sale ». M. Grossi « a accepté. Contrairement à la Russie, l’Ukraine a toujours été et reste transparente. Nous n’avons rien à cacher », a-t-il affirmé.
Le président Volodymyr Zelensky avait demandé pour sa part dimanche soir une réponse « aussi dure que possible » de la part de ses alliés occidentaux. Dimanche, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou avait fait part à ses homologues américain, français, britannique et turc de « ses préoccupations liées à d’éventuelles provocations de la part de l’Ukraine avec le recours à une +bombe sale+ ».
Les Ukrainiens et les Occidentaux y voient la menace des préparatifs d’une attaque menée sous un faux drapeau, suspectant la Russie d’être prête à faire exploser elle-même une « bombe sale » pour justifier une escalade militaire, par exemple en employant une arme nucléaire tactique en représailles.
Une bombe radiologique ou « bombe sale » est constituée d’explosifs conventionnels entourés de matériaux radioactifs destinés à être disséminés en poussière au moment de l’explosion.