Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a fustigé mardi dans un entretien avec la BBC la «propagande» du groupe Etat islamique (EI), qui affirme être responsable du crash de l’avion russe dans le Sinaï, bastion de la branche locale de l’EI.
Abdel Fattah al-Sissi a aussi prévenu que l’enquête serait longue pour déterminer les causes du crash qui a coûté la vie samedi à 224 personnes, essentiellement des touristes russes. La branche égyptienne de l’EI a assuré avoir «fait tomber» l’appareil en représailles aux bombardements russes en Syrie.
«Cela prendra du temps pour clarifier cet incident, voyez le vol de la Pan American qui s’est écrasé en Europe (à Lockerbie en 1988), cela a pris des années avant de trouver la vérité, les raisons du crash. Nous ne pouvons pas simplement tirer des conclusions hâtives», a déclaré le président égyptien selon la traduction de la BBC.
Le 21 décembre 1988, un Boeing 747 de la compagnie américaine s’était désintégré au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie quelques minutes après son décollage, d’une manière semblable à ce qui est arrivé samedi à l’Airbus A321 de la compagnie russe Metrojet. Les enquêteurs avaient mis seulement quatre jours pour conclure qu’une petite bombe avait été cachée à bord de l’appareil mais trois ans pour identifier les auteurs libyens de cet attentat.
«Il y a cette propagande selon laquelle (l’avion) s’est écrasé à cause de Daech (ndlr: acronyme en arabe de l’EI), c’est une manière de nuire à la stabilité et la sécurité de l’Egypte ainsi qu’à son image», a poursuivi le président Sissi. «L’avion était à 35 000 pieds (10.668 m), croyez-moi, la situation dans le Sinaï, en particulier dans cette zone limitée, est totalement sous notre contrôle», a-t-il ajouté.
L’Airbus de Metrojet s’est totalement disloqué en vol comme en atteste l’extrême dispersion des débris et des corps au sol, sur plus de 100 km2 selon certains enquêteurs. Selon des experts interrogés, l’appareil a dû subir un choc extrêmement soudain, quel qu’il soit, au point que le pilote en a instantanément perdu le contrôle.
Tout le monde exclut qu’il ait pu être atteint à 10 000 m d’altitude par un missile tiré de l’épaule, du type de ceux dont dispose l’EI dans le Sinaï. Restent donc deux hypothèses: un problème technique qui provoque une explosion et une dislocation immédiate de l’appareil ne laissant pas le temps au pilote de communiquer -cas rarissime selon les experts-, ou une bombe, apportée dans l’appareil par un occupant ou placée à bord par un membre du personnel au sol.
AFP