L’alerte violette a été levée lundi sur l’île de La Réunion, permettant aux secours d’intervenir et d’évaluer les dégâts du cyclone Belal, au parcours moins « cataclysmique » que prévu, même si un décès a été confirmé.
Le territoire ultramarin de 870 000 habitants est repassé à 13 h locales (10 h à Luxembourg) en alerte rouge, une façon de permettre aux équipes de secours de sortir, mais ce basculement ne change rien pour la population, qui doit toujours rester confinée.
« Nous ne sommes pas du tout sortis du cyclone, mais on est en deçà du caractère cataclysmique » craint initialement, a affirmé durant une visioconférence le préfet de l’île, Jérôme Filippini, appelant toutefois à la prudence face au caractère imprévisible du phénomène : « On voit le bout du tunnel (…) si Belal a la gentillesse de ne pas nous réserver de surprises ce soir ou demain matin ».
À Saint-Paul, commune de 100 000 habitants de l’ouest de l’île, peu d’habitants bravent l’interdiction malgré la relative accalmie. Dans le quartier de l’étang Saint-Paul, complètement inondé vers 13 h locales, l’eau commence déjà à redescendre.
« Nous avons des pompes de refoulement qui ont lâché à cause des coupures de courant », explique Sébastien Guyon, adjoint au maire de Saint-Paul : « Nos équipes sont intervenues dès la levée de l’alerte violette. Les pompes ont pu être réparées. Cela a sans doute beaucoup aidé à la descente des eaux. »
Une personne décédée
Depuis 6 h locales, l’île de l’océan Indien était placée en alerte violette cyclonique, le plus haut niveau, en raison du passage du cyclone Belal, aux effets potentiellement dévastateurs.
Après avoir frappé La Réunion vers 9 h par le nord et l’ouest de l’île, provoquant de fortes pluies et des rafales très violentes, le mur de l’œil du cyclone a finalement dévié sa course vers le nord sans rentrer à l’intérieur des terres. Un infléchissement de trajectoire « probablement sous l’effet du relief marqué de l’île », selon la préfecture.
La préfecture a toutefois confirmé le décès « d’une personne sans domicile fixe qui ne s’était pas mise à l’abri » à Saint-Gilles (ouest) et avait refusé l’hébergement d’urgence proposé. Selon la gendarmerie locale, son corps a été retrouvé à proximité de la caserne, mais les causes du décès sont encore inconnues.
De fortes précipitations et des rafales continuent de toucher l’île alors que l’œil du cyclone devrait rester à La Réunion jusqu’en fin d’après-midi.
« Nous resterons dans sa zone d’influence dans l’après-midi, des rafales de 140 km/h sont attendues dans les bas et de 160 km/h dans les hauts. En termes de précipitations, des pluies soutenues sont attendues tout l’après-midi », a précisé Céline Jauffret, directrice interrégionale de Météo-France.
Les maires du Port et de La Possession, deux communes du nord-ouest de l’île, ont affirmé à l’AFP qu’aucun dégât significatif n’avait été signalé, mais les pluies ont déjà provoqué les crues de plusieurs rivières charriant avec elles de nombreux débris.
« En comparaison, les débits du cyclone Gamède en 2007 sont dépassés. Ils avaient à l’époque impacté les ouvrages localement », a commenté le Territoire de l’Ouest, une intercommunalité regroupant les cinq communes de cette région.
100 000 foyers sans électricité
Selon le préfet, 100 000 clients sur les 430 000 de l’île étaient privés d’électricité à 13 h locales. Du côté de l’eau, des coupures préventives pour 37 000 personnes ont été décidées et 17 % des abonnés à la téléphonie fixe étaient privés de service.
La Réunion n’a plus été frappée par un cyclone intense depuis dix ans et le passage de Bejisa, dans les premiers jours de 2014. Mais la comparaison que beaucoup redoutaient était celle du cyclone Firinga, à l’impact dévastateur en 1989.
Avant l’arrivée des vents, les autorités locales avaient mis en place des centres d’hébergement finalement peu sollicités : près de 700 personnes y ont été admises.
Elles attendent également l’arrivée d’une trentaine de personnes de Mayotte et d’une centaine de renforts de la Sécurité civile venus de métropole, ainsi que d’équipes d’EDF qui aideront à réparer les dégâts.
Les services météorologiques de l’île Maurice ont eux émis lundi une alerte de niveau 3 (sur 4) en raison de la « menace directe » présentée par le cyclone, qui « approche dangereusement » et pourrait toucher l’île mardi.