L’Iran célèbre lundi le 40e anniversaire de la victoire de la Révolution islamique sur fond de difficultés économiques et de tensions renouvelées avec les États-Unis.
Jour férié, le 22 bahman du calendrier iranien commémore le renversement du régime impérial du chah Mohammad Réza Pahlavi, le 11 février 1979, dix jours après le retour d’exil, triomphal, de l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, père fondateur de la République islamique d’Iran.
Comme chaque année, les autorités vont organiser un grand rassemblement sur la place Azadi (« Liberté » en persan) dans le centre de la capitale. Le président Hassan Rohani doit y prononcer un discours. Des cérémonies officielles sont également prévues un peu partout dans le pays. Le seuil des 40 ans – synonyme de maturité – est particulièrement symbolique dans le monde musulman : c’est l’âge auquel, selon la tradition, Mahomet a reçu la révélation divine et commencé à transmettre le Coran.
Pour autant, le programme des cérémonies commémoratives, lancé le 1er février, ressemble en toutes choses à celui des années précédentes, sans emphase particulière. Le 40e anniversaire de la Révolution survient dans une période de difficultés économiques pour l’Iran. Les retombées commerciales et financières espérées de l’accord sur le nucléaire signé en 2015 avec la communauté internationale ne se sont guère concrétisées, et le pays souffre du rétablissement des sanctions américaines consécutif au retrait unilatéral des États-Unis de ce pacte en 2018.
L’économie est entrée en récession en 2018
Selon le Fonds monétaire international (FMI), l’économie iranienne est entrée en récession en 2018 et le PIB du pays devrait chuter de 3,6% en 2019. Le retrait américain de l’accord nucléaire et la politique ouvertement hostile à la République islamique de l’Amérique du président Donald Trump ont suscité un regain de tension entre Téhéran et Washington, où certains responsables n’hésitent pas à appeler de leur vœux un « changement de régime » en Iran. Depuis plusieurs mois, les autorités mettent régulièrement en garde contre les « infiltrés » qui menaceraient la République islamique de l’intérieur.
Une crise écologique majeure
Un autre défi qui se pose à l’Iran est celui de la crise écologique qui touche le pays : pollution atmosphérique dans les plus grandes villes, pollution et érosion des sols, sécheresse prolongée, désertification, tempêtes de sables, atteintes à la biodiversité. En 40 ans, « le pays s’est développé dans de nombreux domaines » comme la santé, l’industrie, les services, a déclaré récemment le ministre de l’Environnement, Issa Kalantari, cité par son ministère. Mais en matière d’environnement, le bilan est tout simplement « indéfendable », a-t-il dit.
Depuis plusieurs semaines, la télévision d’État multiplie les émissions consacrées à la Révolution et aux 40 ans d’histoire de la République islamique, vantant les réalisations du pays, notamment en matière militaire. Diffusée à plusieurs reprises ces derniers jours, une courte séquence de dessin animé montre un sous-marin iranien de la classe « Ghadir » (dont l’Iran a annoncé récemment le lancement de nouveaux modèles) couler un porte-avions américain et sa flottille d’escorte avant d’entraîner les navires par le fond en les tirant à l’aide de cordages.
Dans la capitale, deux expositions organisées par les Forces armées ont ouvert pour montrer au public toutes les armes conçues par l’Iran depuis 40 ans. Le 2 février, les autorités ont annoncé avoir testé avec succès un nouveau missile de croisière d’une portée supérieure à 1350km.
«La Révolution continue»
Après avoir reconnu l’échec d’une tentative visant à placer un satellite sur orbite mi-janvier, le gouvernement avait promis une récidive rapide avec un deuxième satellite à vocation scientifique (baptisé « Dousti », « Amitié » en persan), laissant penser que cette tentative pourrait avoir lieu pendant la « décade de l’Aurore », ainsi que la terminologie officielle nomme les dix jours ayant précédé la victoire de la Révolution. Mais les autorités n’ont à ce jour fait aucune annonce sur le sujet.
Comme chaque année, l’anniversaire de la Révolution doit être l’occasion d’une grâce spéciale accordée par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Selon la télévision d’État, Ali Khamenei a accordé jeudi une amnistie à un « grand nombre » de prisonniers. Le chef de l’autorité judiciaire, l’ayatollah Sadegh Amoli Larijani avait déclaré mardi que l’amnistie concernerait cette année 50000 personnes, tout affirmant qu’il n’y avait pas de « prisonniers politiques » en Iran.
À Téhéran et dans plusieurs villes des environs, guirlandes lumineuses et affiches commémoratives ont fleuri, à la gloire de l’ayatollah Khomeiny ou encore vantant « 40 années de grandeur ». La presse n’est pas en reste. Jeudi, le quotidien ultraconservateur Javan titrait : « La Révolution continue, nous resterons des révolutionnaires. »
AFP