Sous un feu croissant d’attaques sur son intégrité, le Premier ministre britannique Boris Johnson a vu la pression monter mercredi avec l’ouverture d’une enquête sur le financement de la rénovation de l’appartement qu’il occupe à Downing Street.
A quelques jours d’élections locales le 6 mai, les révélations se succèdent concernant les liens très proches du pouvoir conservateur avec des intérêts privés, dans un contexte de règlement de comptes entre le chef du gouvernement et son redoutable ex-conseiller Dominic Cummings.
L’un de ces scandales concerne la rénovation de l’appartement que Boris Johnson occupe avec sa fiancée Carrie Symonds et leur bébé au 11 Downing Street, plus spacieux que le 10, siège de sa résidence officielle. Le coût a atteint 200 000 livres (230 000 euros) selon des médias, soit bien plus que les 30 000 livres couverts par les fonds publics.
La Commission électorale, régulateur des comptes des partis politiques, a annoncé l’ouverture d’une enquête, se disant « convaincue qu’il existe des motifs raisonnables de soupçonner qu’une ou plusieurs infractions ont pu se produire. »
« Embourbé dans l’immoralité, le favoritisme et le scandale »
Le Premier ministre s’en est vivement défendu. « J’ai payé personnellement la rénovation de Downing Street », a-t-il affirmé lors d’une passe d’armes houleuse avec le leader de l’opposition travailliste, Keir Starmer. « Je me suis conformé entièrement au code de conduite et au code ministériel », a-t-il assuré.
Le dirigeant conservateur a cependant évité de dire s’il avait ou non bénéficié d’un prêt ou don initial qu’il avait ensuite remboursé pour financer cette coûteuse rénovation, comme l’affirment des médias. Sa porte-parole a indiqué que le gouvernement serait « ravi de porter assistance » à l’enquête, mais que le problème relevait surtout du Parti conservateur. Ce dernier a assuré que « toutes les donations devant être rendues publiques ont été déclarées de manière transparente et correcte », promettant de « travailler de manière constructive » avec les enquêteurs.
« Les Britanniques méritent un Premier ministre à qui ils peuvent faire confiance et un gouvernement qui n’est pas embourbé dans l’immoralité, le favoritisme et le scandale », a martelé Keir Starmer.
Financement privé « secret »
Boris Johnson est empêtré dans une série d’accusations, formulées notamment par son ancien bras droit et cerveau de la campagne victorieuse du Brexit en 2016, Dominic Cummings, qui viennent éclipser dans la presse le succès de la campagne vaccinale anti-Covid. Cummings a étrillé le dirigeant conservateur et mis en cause son intégrité dans un long billet publié sur son blog vendredi. Il l’a notamment accusé d’avoir cherché à faire financer les travaux de son appartement « en secret » par des dons privés, ce qui pourrait se révéler illégal.
A quelques jours des élections locales, ces attaques sont particulièrement malvenues pour Boris Johnson, déjà mis en cause dans un scandale de lobbying éclaboussant certains membres de son gouvernement. Il a annoncé la nomination d’un conseiller, Christopher Geidt, ancien secrétaire de la reine, dont la mission sera de veiller au respect du code ministériel.
Sa première tâche sera de « vérifier les faits entourant la rénovation de l’appartement de Downing Street et informer le Premier ministre de toute nouvelle déclaration d’intérêts qui pourrait être nécessaire », a explique Downing Street.
« Laissons les corps s’accumuler par milliers »
Outre cette gênante affaire de rénovation, Boris Johnson est accusé d’avoir prononcé une phrase choc pour s’opposer à un nouveau confinement à l’automne dernier. Le journal Daily Mail a affirmé lundi qu’au cours d’une réunion fin octobre, Boris Johnson aurait lancé : « plus de putains de confinements, laissons les corps s’accumuler par milliers ».
Malgré le démenti de Downing Street, plusieurs médias ont repris l’information assurant avoir confirmation de sources anonymes.
Interrogé au Parlement, Boris Johnson a démenti mercredi avoir prononcé cette phrase, ajoutant que la décision de reconfiner avait été « très difficile » à prendre. « Les confinements sont des choses terribles mais je dois dire que nous avons considéré que nous n’avions pas le choix », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre est mis en cause, depuis le début de la pandémie, pour sa gestion de la crise sanitaire, accusé notamment d’avoir tardé à réagir puis d’avoir gâché l’argent des contribuables britanniques dans l’attribution des contrats de fournitures de masques et autres équipements de protection.
LQ/AFP