La reine Elizabeth II, doyenne mondiale des monarques en exercice, fête jeudi ses 96 ans, désormais largement retirée de la vie publique en raison de problèmes de mobilité.
Des tirs de canons depuis la Tour de Londres et Hyde Park marqueront l’événement et une fanfare militaire jouera « joyeux anniversaire » pour l’occasion.
Mais la reine, qui a passé en février le cap des 70 années de règne, fêtera cette journée « de manière privée », a précisé une porte-parole du palais de Buckingham. Elle s’est envolée mercredi en hélicoptère pour le domaine royal de Sandringham, à 200 kilomètres au nord de Londres.
Selon la presse, elle y passera quelques jours à Wood Farm, la maison relativement modeste avec vue sur la mer du Nord qu’affectionnait tant son époux Philip, décédé l’an dernier.
Les premiers mois de son « Jubilé de platine », qui donnera lieu à quatre jours de festivités très attendues début juin, n’ont pas été faciles, entre ses ennuis de santé, les accusations d’agression sexuelle visant son fils Andrew – récemment parvenu à un accord financier avec son accusatrice – et les interrogations sur l’avenir de la monarchie et du Commonwealth.
Depuis une brève hospitalisation en octobre, les apparitions de la souveraine sont devenues rares, même si elle continue à assumer des « tâches légères » au château de Windsor, la plupart du temps par visioconférence.
Elle n’a pas participé à la messe de Pâques à la chapelle du château dimanche dernier. Nombre de ses apparitions prévues ces derniers mois ont été annulées, parfois à la dernière minute.
Le 29 mars, elle a cependant tenu à assister à l’Abbaye de Westminster à une cérémonie religieuse en hommage au prince Philip, décédé le 9 avril 2021 à 99 ans.
Arrivée au bras de son fils Andrew, s’appuyant sur une canne, on l’y a vue, silhouette frêle et digne, marcher lentement, se lever plusieurs fois pendant le service, et saluer ensuite des participants. Mais elle n’était pas arrivée par la porte principale, pour limiter son effort.
C’était sa première grande apparition publique depuis des mois. Elle-même avait confié mi-février qu’elle « ne pouvait pas bouger », en montrant sa jambe gauche lors d’une audience à Windsor.
Fauteuil roulant
Selon la presse britannique, elle utiliserait en privé un fauteuil roulant, et un ascenseur adapté aurait été installé dans sa résidence écossaise de Balmoral.
Ajoutant à ces problèmes, elle a attrapé le Covid-19 en février, le Palais de Buckingham parlant de « symptômes légers ». « Cela vous laisse très fatigué et épuisé n’est-ce pas ? Cette horrible pandémie », a récemment confié la souveraine à des soignants.
« Elle est en pleine forme », a cependant déclaré son petit-fils Harry à la chaîne américaine NBC mercredi, après une visite surprise la semaine dernière au château de Windsor avec son épouse Meghan. Le couple désormais installé en Californie ne l’avait pas revue depuis deux ans.
Depuis octobre, la reine a largement délégué à son fils Charles, 73 ans, héritier de la couronne. Mais il est nettement moins populaire qu’elle – 43% d’opinions favorables contre 69% pour la reine – selon un sondage Ipsos de mars, et également beaucoup moins apprécié que son fils le prince William, 39 ans (64%).
42% des Britanniques préféreraient d’ailleurs que Charles abdique en faveur du prince William, dont la femme Kate est également très populaire (60%).
Mais la récente tournée de William et Kate dans les Caraïbes, pour célébrer l’attachement de la monarchie aux anciennes colonies à l’occasion du Jubilé, a parfois donné lieu des confrontations tendues, notamment sur le passé esclavagiste du Royaume-Uni, augurant de difficultés à venir.
Et le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness a estimé « inévitable » la transition de son pays, membre du Commonwealth dont la reine est la cheffe, vers un régime républicain.
Le palais n’en a pas fini, en cette année de Jubilé, se préparant déjà à une autre épreuve, celle de la publication d’un livre de confidences du prince Harry, attendu à l’automne.