La presse internationale soulignait vendredi l’avènement d’une « nouvelle ère » au Royaume-Uni après la nette victoire des conservateurs de Boris Johnson aux législatives, certains médias prédisant un Brexit moins dur que prévu mais s’interrogeant sur l’avenir du pays, peut-être moins « prometteur » qu’annoncé par les brexiters.
La victoire des conservateurs est un « soulagement énorme » pour Boris Johnson, écrit vendredi le journal néerlandais de référence De Volkskrant. Le quotidien danois Financieele Dagblad (FD) souligne de son côté une « victoire massive » de Johnson, vainqueur « haut la main », qui a désormais « le champ libre » pour faire passer l’accord du Brexit au parlement. « Enfin, on va arrêter d’entendre à Bruxelles certains responsables européens ou eurocrates affirmer l’air pénétré que le #Brexit n’aura pas lieu, que les Britanniques sont pragmatiques et que l’on pourra continuer à parler anglais », a tweeté le journaliste Jean Quatremer, correspondant du journal français Libération à Bruxelles.
Plusieurs médias évoquent le début d’une « nouvelle ère », mais aux multiples défis. « Le Royaume-Uni quittera donc l’UE fin janvier (…) C’est le début d’une nouvelle époque », juge le quotidien allemand de droite Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Mais pour le Royaume-Uni, la nouvelle ère devrait s’avérer beaucoup moins prometteuse qu’annoncée par les propagandistes de la sortie de l’UE. Dans un monde marqué par une forte concurrence géopolitique des grands pouvoirs, des actions isolées ne se soldent pas toujours par des bonus », relève le journal. « Johnsohn triomphe – mais à quel prix ? », s’interroge le quotidien.
L’unité au sein du Royaume-Uni en question
Se présente désormais le « défi de préserver l’unité au sein du Royaume-Uni », observe le journal néerlandais De Volkskrant. « Le vrai travail commence maintenant » pour Johnson, qui doit se préparer à des « négociations dures et longues pour conclure un accord commercial avec l’UE ». Si les Britanniques quittent vraiment l’UE, « la question est désormais de savoir ce qui va se passer ensuite », estime de son côté le Spiegel online. « Johnson va vouloir conclure le plus rapidement possible un accord commercial de libre échange. Il n’est pas exclu qu’il se montre dorénavant plus modéré ». Ainsi, pour le journal conservateur allemand Die Welt, avec Boris Johnson, « le Brexit a de bonnes chances d’être tout sauf dur. Car un Premier ministre avec une large majorité parlementaire a suffisamment de marge de manoeuvre pour établir de nouvelles relations harmonieuses avec l’UE », relève ce média.
Pour le journal berlinois Tagespiegel, dans son édition en ligne, « quand le Brexit aura eu lieu le mois prochain, Johnson devra alors décider quelle direction il fait prendre au pays sur le long terme ». « S’il écoute les appels des radicaux de son parti, il risque de décrocher complètement son pays du continent et de le transformer en un paradis fiscal ». Les journaux du Nord de l’Europe prédisent un avenir pessimiste. « Le brouillard s’abat sur la Manche », écrit le quotidien suédois de référence Dagens Nyheter dans un éditorial. « La querelle actuelle avec l’UE n’est que le début », commente le tabloïd finlandais Iltalehti. « C’est le début du bazar », ajoute le journal Ilta-Sanomat.
Dans un éditorial, le quotidien français Le Monde critique en outre un échec pour l’Europe: « Cette fois, l’Europe a vraiment perdu le Royaume-Uni. Plus de trois ans après le vote pro-Brexit au référendum, la victoire éclatante des conservateurs (…) sonne comme une réplique sans appel du choix des Britanniques de quitter l’Union européenne ». « Implacable, le système électoral britannique à un seul tour a donné une large prime à l’unité des brexiters autour des conservateurs (…) L’ouragan politique du Brexit menace désormais le pays d’éclatement », relève le journal. « Toute la question à présent est de savoir ce qu’il ((Boris Johnson, NDLR) va faire de sa victoire (…) Aux Européens de rester unis pour le conduire à faire +le bon choix+: préserver le maximum de liens avec ses voisins plutôt que de mettre à exécution sa menace de transformer le Royaume-Uni en un paradis du dumping aux portes de l’Europe ».
LQ / AFP