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La Palestine veut pouvoir voter : «Ces élections sont un droit, un devoir»


Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a reçu à Senningen son homologue palestinien, Riad Malki (à g.), pour évoquer le processus de paix et les prochaines élections législatives en Palestine. (photo Julien Garroy)

Le ministre des Affaires étrangères palestinien, Riad Malki, était mardi au Luxembourg pour une visite de travail. Il a appelé l’UE à soutenir la tenue d’élections législatives à Jérusalem-Est.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a reçu le ministre des Affaires étrangères et des Expatriés de la Palestine, Riad Malki, pour une visite de travail qui s’est tenue au château de Senningen. L’occasion pour les «amis», comme l’a répété à plusieurs reprises Jean Asselborn, soutien de longue date à la reconnaissance d’un État palestinien, d’échanger sur les relations bilatérales entre les deux pays ainsi que sur le processus de paix au Moyen-Orient.

Un processus de paix déjà complexe qui risquerait d’être d’autant plus mis à mal si la Palestine ne peut tenir ses élections législatives dans Jérusalem-Est, qu’elle revendique comme capitale. Le territoire d’environ cinq millions d’habitants doit en effet élire le 22 mai prochain ses parlementaires (puis son président, le 31 juillet), un événement qui n’avait pas pu se tenir depuis 15 ans. De fait, ces élections sont très attendues par la population palestinienne : 93% des électeurs éligibles se sont inscrits. Cela «montre le fort désir de participation démocratique du peuple palestinien», a souligné le chef de la diplomatie luxembourgeoise.

Mais la Palestine fait état d’entraves de la part d’Israël, ce qui, rappelle Riad Malki, va à l’encontre des accords dits «Oslo II», signés en 1995 à Washington par les deux parties, qui l’autorisaient à élire les membres d’un Conseil disposant des pouvoirs législatifs et exécutifs.

«Ces élections sont un droit, un devoir, une responsabilité, une obligation. Nous sommes déterminés à mener ce processus à son terme. Or Israël a déclaré de manière officielle et non officielle qu’il était opposé à ces élections et qu’il n’en autoriserait pas la tenue dans Jérusalem-Est. Les candidats ont tenté d’y organiser des meetings. Ces meetings ont été perturbés et les candidats mis en détention. En février, l’UE a envoyé une requête à Israël pour y envoyer une délégation d’observateurs, qui est restée sans réponse. Et maintenant, les routes sont bloquées par l’armée ! Vont-ils autoriser les candidats à mener leur campagne, y compris ceux du Hamas ?», s’est demandé le chef de la diplomatie palestinienne. «Les Israéliens ont tenu quatre élections en deux ans, nous avons le droit d’en avoir également !»

Contacter les leaders israéliens

Craignant qu’Israël n’autorise pas la campagne électorale et trouble les élections à venir, Riad Malki en a appelé au soutien du Luxembourg, et plus généralement de l’UE. «Nous espérons qu’une intervention politique sera menée avant qu’il ne soit trop tard. Nous voulons pour cela autant d’observateurs internationaux que possible et attendons que l’UE prenne directement contact avec les leaders israéliens pour les exhorter à respecter la tenue de ces élections», a-t-il déclaré.

Un appel entendu par le ministre luxembourgeois. «Les élections doivent pouvoir se tenir dans l’ensemble du territoire palestinien, y inclus à Jérusalem-Est», a réaffirmé Jean Asselborn, qui a indiqué par ailleurs devoir rencontrer ce jour l’ambassadeur d’Israël au Luxembourg. «Nous devrons mettre ces élections à l’agenda des discussions du prochain Conseil européen des Affaires étrangères, qui se tiendra le 10 mai, et tout faire pour que ces élections aient bien lieu. La solution à deux États doit avoir une chance de devenir une réalité.»

Tatiana Salvan

Manque de vaccins

«C’est criminel !» Les mots choisis par le ministre palestinien Riad Malki ont traduit l’étendue de sa colère à l’encontre des autorités israéliennes quant à leur gestion de la crise du coronavirus et leur «négligence» vis-à-vis de la Palestine. «Ils se vantent d’être les numéros 1 de la vaccination, pourtant il n’ont rien fait pour la Palestine, alors qu’ils en ont l’obligation d’après le droit international en tant que pays occupant. Nous avons reçu des doses de vaccin de l’Europe, la Chine et un peu de la Russie également. C’est difficile pour un petit pays comme nous de fournir suffisamment d’argent pour se procurer ces vaccins, d’autant que la demande est plus forte que l’offre et que les pays riches ont davantage les moyens de se les offrir.»

L’UE a fait parvenir à la Palestine plus de 61 000 doses de vaccins par l’intermédiaire du mécanisme COVAX, l’initiative mise en place pour assurer un accès équitable à la vaccination contre le Covid-19 dans 200 pays. «Nous devons continuer à veiller à ce que les vaccins soient distribués de manière sûre et équitable dans le monde entier. Nous savons que nul ne sera en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas», a rappelé Jean Asselborn.

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