Toujours empêtré dans des discussions autour du Brexit, qui pourrait être reporté une nouvelle fois, le Royaume-Uni a commencé à délivrer des passeports sans la mention « Union européenne », un changement symbolique qui illustre en creux les difficultés du processus de divorce.
« Des passeports (de couleur) bordeaux qui ne présentent pas les mots Union européenne sur la couverture ont été mis en circulation le 30 mars », a déclaré samedi une porte-parole du ministère de l’Intérieur dans un communiqué.
Elle a précisé que des passeports avec la mention Union européenne « continueront à être délivrés pendant une courte période après cette date », afin « d’écouler les stocks ». La présence ou l’absence de la mention n’affecte pas la capacité du détenteur du passeport à voyager.
Ce retrait, symbolique, sur les nouveaux passeports a provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, chez les partisans comme chez les opposants au Brexit.
« C’est bon à savoir », a ainsi tweeté @Garrood. « Je dois le renouveler et je suis impatient de voir cette mention cancéreuse retirée de mon passeport ».
« Nous sommes toujours dans l’UE. Pourquoi mon nouveau passeport ne le reflète-t-il pas? », a interrogé @SpinHBarone, se disant « véritablement consternée ».
« Lignes rouges »
Le Royaume-Uni devait initialement quitter l’UE le 29 mars, deux ans exactement après avoir activé l’article 50 du traité de Lisbonne.
Mais en mars, le gouvernement de Theresa May a sollicité un report de cette date pour éviter le chaos potentiel d’une sortie sans accord, qui aurait mis fin du jour au lendemain, sans période de transition, à 46 ans d’appartenance à l’UE.
Tandis que la date est désormais fixée au 12 avril, Theresa May a réclamé vendredi un nouveau report, jusqu’au 30 juin, pour tenter de trouver d’ici là un accord de divorce acceptable pour le Parlement britannique, qui a jusqu’ici rejeté tous les scénarios.
Afin de parvenir à une solution transpartisane, le gouvernement a prolongé samedi les échanges entamés trois jours plus tôt avec l’opposition.
Le Parti travailliste a critiqué l’attitude du gouvernement, estimant que ce dernier n’était pas prêt à élaborer un compromis ou à modifier sa position dans ces tractations.
« Je n’ai pas remarqué de grand changement dans la position du gouvernement jusqu’à présent », a déclaré samedi à Plymouth le chef du Labour, Jeremy Corbyn. « J’attends de voir bouger les lignes rouges ».
« Base pour un compromis »
Dans un communiqué publié samedi soir, Theresa May a au contraire souligné les points de convergence: « De fait, sur le Brexit, il y a des sujets sur lesquels les deux principaux partis sont d’accord: nous voulons tous deux la fin de la libre circulation, nous voulons tous deux sortir (NDLR : de l’UE) avec un bon accord, et nous voulons tous deux protéger l’emploi ».
« Voilà la base pour un compromis qui peut obtenir une majorité, et obtenir une majorité est la seule manière d’accomplir le Brexit », a ajouté la Première ministre.
Plus tôt, son ministre des Finances, Philip Hammond, avait assuré en marge d’une rencontre avec ses homologues de l’UE à Bucarest que « dans ces discussions avec le Labour, (…) nous n’avons pas de ligne rouge ».
AFP