La Malaisie a décidé l’abolition de la peine capitale, un châtiment qui suscitait une opposition de plus en plus grande dans ce pays qui compte plus de 1 200 détenus dans les couloirs de la mort.
« Le gouvernement est d’accord pour abolir la peine de mort », a déclaré le ministre des Communications Gobind Singh Deo. « J’espère que la loi sera bientôt amendée. » La peine capitale, par pendaison, est actuellement prévue par la loi malaisienne pour toute une série de crimes allant du meurtre à l’enlèvement, en passant par la possession d’armes à feu et le trafic de drogue. Le gouvernement a opté pour l’abolition en raison d’une opposition grandissante des Malaisiens à l’égard de la peine de mort, a indiqué le ministre.
Un haut responsable de l’exécutif, Liew Vui Keong, a indiqué jeudi qu’un moratoire sur les exécutions de condamnés serait appliqué, selon les médias locaux. « Comme nous abolissons cette peine, les exécutions ne devraient pas être menées », a-t-il dit au journal Star. L’amendement supprimant la peine capitale sera soumis lundi prochain au Parlement.
En avril 2017, l’organisation Amnesty International avait rangé la Malaisie au dixième rang des pays qui avaient exécuté le plus de condamnés à mort l’année précédente. Entre 2007 et 2017, 35 individus furent pendus en Malaisie, selon le New Straits Times. On dénombre à 1 267 le nombre de prisonniers dans le couloir de la mort en Malaisie, ce qui représente 2,7% de la population carcérale.
La décision a été saluée par les organisations de défense des droits de l’homme qui avancent que l’effet dissuasif de la peine capitale n’est en aucun cas établi. « La peine de mort est barbare et d’une inimaginable cruauté », a déclaré dans un communiqué un membre de l’organisation Avocats pour la liberté. Il a estimé qu’après avoir aboli la peine capitale, la Malaisie aurait l’autorité morale pour se battre pour les personnes condamnées à mort à l’étranger.
LQ/AFP
Léger recul des exécutions
Fin 2017, Amnesty International comptabilisait 142 pays abolitionnistes dans leur législation ou de facto, c’est-à-dire ceux n’ayant pas procédé à des exécutions au cours des dix dernières années.
Au total, toujours selon Amnesty, 993 exécutions ont été enregistrées en 2017 dans 23 pays, soit un recul de 4% par rapport à 2016, et de 39% par rapport à 2015, une année record qui avait comptabilisé 1 634 exécutions. Ces chiffres n’incluent pas la Chine, où Amnesty estime à des « milliers » le nombre d’exécutions chaque année, mais où les statistiques en la matière relèvent toujours du secret d’État.
L’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Irak et le Pakistan ont procédé à eux quatre à 84% des exécutions recensées dans le monde. Les exécutions capitales ont toutefois diminué de 31% au Pakistan et de 11% en Iran l’an dernier par rapport à 2016