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La justice brésilienne bloque WhatsApp pour 48 heures et crée l’indignation


La sentence a provoqué l'indignation générale dans le pays où des millions de personnes échangent des messages de texte, de voix, des vidéos et photos gratuitement grâce à ce service installé sur leur téléphone mobile. (photo AFP)

Des millions de Brésiliens se sont réveillés jeudi sans WhatsApp, le populaire service de messagerie et téléphone par internet, après la décision inédite d’une juge de l’Etat de Sao Paulo de l’interdire pour 48 heures.

La sentence a provoqué l’indignation générale dans le pays où des millions de personnes échangent des messages de texte, de voix, des vidéos et photos gratuitement grâce à ce service installé sur leur téléphone mobile, échappant ainsi aux tarifs élevés des opérateurs.

C’est une juge de Sao Bernardo do Campo (Sao Paulo, sud-est) qui a ordonné cette suspension pour mettre en application une ancienne décision de justice. « La décision a été émise dans le cadre d’une procédure criminelle couverte par le secret de l’instruction. Elle est due au fait que WhatsApp n’a pas répondu à une demande de la justice le 23 juillet. Demande réitérée le 7 août », a indiqué, dans un communiqué, la justice de l’Etat de Sao Paulo. Le service de messagerie aurait refusé de communiquer des informations dans le cadre d’une enquête policière, selon le site G1 de Globo et le parquet a sollicité l’interdiction auprès de la juge dans le cadre de la loi sur internet.

Le syndicat des entreprises de téléphonie mobile a confirmé avoir reçu l’ordre d’interdire WhatsApp et avoir été obligé de s’y plier, a indiqué son président, Eduardo Levy, à G1.

« Un jour triste »

« C’est un jour triste pour le Brésil », a réagi Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, propriétaire de WhatsApp. « Je suis abasourdi de voir que nos efforts pour protéger les données privées des individus aboutissent à une décision si extrême, prise par une seule juge, qui punit tous les utilisateurs de WhatsApp au Brésil », mais « nous travaillons dur pour l’annuler », a t-il ajouté sur son compte Facebook.

Zuckerberg a conseillé aux utilisateurs brésiliens de WhatsApp d’utiliser, en attendant, le Facebook Messenger. Au moins un des quatre grands opérateurs de téléphonie mobile du Brésil, Oi, a fait appel de la sentence alléguant que le blocage porte préjudice à tous ses clients. « Cela porte préjudice au consommateur et touche des millions d’utilisateurs d’un jour à l’autre. Nous n’avons même pas eu le temps de prévenir nos clients qui vont penser que c’est un problème de l’opérateur », a déploré Levy. Le président de l’Agence nationale de télécommunications (Anatel, publique) Joao Rezende n’a pas caché non plus son mécontentement. « La suspension n’est pas une solution car elle est disproportionnée et porte préjudice à des milliers d’utilisateurs », a-t-il déclaré au quotidien O Globo.

Des milliers de Brésiliens semblaient toutefois avoir trouvé des astuces techniques pour contourner l’interdiction. Ce blocage faisait les affaires de Telegram, la messagerie du Russe Pavel Dourov, rivale de WhatsApp, qui annonçait avoir engrangé 1,5 million d’utilisateurs nouveaux en quelques heures. Fin 2014, le Brésil comptait 280,73 millions d’abonnements mobiles, dont 6,7 en 4G (internet mobile à très haut débit).

#PendantCes48HeuresJeVais…

Trois Brésiliens sur dix ont un smartphone, et les « selfies » et échanges de messages sur les réseaux sociaux connaissent une véritable fièvre dans le pays. Des messages sur la suspension, que beaucoup croyaient impossible, ont rapidement afflué sur Twitter.

En février, un juge de l’Etat de Piauí (nordeste) avait déjà ordonné, sans succès, la suspension du service. « Maintenant ça s’est compliqué », a écrit un internaute, résumant le sentiment de la plupart face aux deux jours difficiles qui s’annoncent. Sautant sur l’occasion, la mairie de Rio s’est fait de la publicité: « 48 heures sans WhatsApp et la bonne nouvelle est que tu t’en as pas besoin pour avoir des nouvelles de la circulation à Rio ».

« #PendantCes48HeuresJeVais faire un marathon [de films], avant qu’il vienne à l’idée d’un juge d’interdire @NetflixBrésil », a écrit un utilisateur. « #PendantCes48HeuresJeVais m’asseoir et pleurer », a posté un autre. Un autre encore, plus optimiste a écrit: « #J’aiSurvécu à la fin du monde en 2000 » et « 12 ans sans WhatsApp et personne croit que je vais devenir fou ».

AFP