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La holding luxembourgeoise Socfin perd son procès contre trois médias et deux ONG


Le 1er juin 2016, des militants d'ONG manifestent devant un hôtel de Luxembourg où sont réunis les actionnaires de ce groupe agroalimentaire, régulièrement accusé par la société civile d'atteintes aux droits humains et à l'environnement. (Photo: Hervé Montaigu)

Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé jeudi trois médias et deux ONG poursuivis en diffamation par la Socfin, une holding luxembourgeoise propriétaire de plantations en Afrique et en Asie et dont le groupe Bolloré est actionnaire.

Les ONG ReAct et Sherpa ainsi que Le Point, Mediapart et L’Obs avaient fait état en avril 2015 d' »accaparements » de terres appartenant aux riverains des plantations de palmiers à huile et d’hévéas appartenant à Socfin. Des paysans africains et asiatiques réunis en « Alliance internationale des riverains des plantations Socfin Bolloré » avaient à l’époque lancé des actions de protestation contre ce qu’ils appelaient l' »accaparement » de leurs terres par la Socfin, décrivant une expansion « continue » de ces plantations depuis 2008, dont les médias et ONG s’étaient fait l’écho.

La Socfin, holding luxembourgeoise dont le groupe Bolloré est actionnaire à hauteur de 39%, les avait tous attaqués en diffamation tandis que sa filiale Socapalm, qui opère au Cameroun, avait poursuivi les deux ONG. Les magistrats de la 17e chambre correctionnelle ont suivi les réquisitions du parquet. Ils ont estimé que même si les propos litigieux étaient diffamatoires, les prévenus pouvaient être relaxés au titre de la bonne foi, compte tenu notamment « de l’existence démontrée de revendications portées par certains riverains des plantations » de la Socfin et de la Socapalm.

«Climat d’intimidation»

Les ONG et médias avaient dénoncé des « poursuites-bâillon ». Ce procès « n’a pas d’autre but que de créer un climat d’intimidation », avait ainsi affirmé l’avocat William Bourdon, président de l’association Sherpa, devant le tribunal en janvier. Dans une tribune publiée à la veille du procès, des journalistes et ONG avaient dénoncé les poursuites systématiques dont ils font l’objet quand ils s’intéressent aux activités du groupe Bolloré, notamment en Afrique.

La défense de la Socfin et celle de la Socapalm avaient estimé que les prévenus n’avaient pas apporté les preuves suffisantes pour étayer ces accusations d' »accaparements », tout en se défendant d’avoir voulu les museler.

Le Quotidien/AFP