Les discussions entre Athènes et ses créanciers, UE et FMI, semblent plus près que jamais du point de rupture, après un nouvel échec, hier, des négociations sur la poursuite du financement de ce pays. Sans solution rapide, la Grèce se rapproche inexorablement d’un défaut de paiement.
Les Grecs sont venus les mains dans les poches», a estimé, amère, une source proche des négociations. «Ils ont un seul leitmotiv : avoir une négociation politique», a-t-elle ajouté, c’est-à-dire dans le cadre d’un sommet européen, le prochain se déroulant fin juin à Bruxelles.
À Athènes, on a imputé l’échec des négociations aux réclamations «irrationnelles» des créanciers, en particulier du FMI, accusé d’avoir une position «intransigeante et dure».
Jugeant que les proposions grecques ne «tenaient pas la route», le représentant du FMI, Poul Thomsen, n’a d’ailleurs finalement pas participé aux discussions hier, selon une source bien informée.
Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, avait préparé le terrain à un tel scénario dans un entretien plus tôt dans la journée avec l’hebdomadaire Realnews. «Je ne serais pas surpris que le FMI insiste aujourd’hui sur des positions inacceptables qu’il sait bien que la Grèce ne peut pas accepter, ce qui serait une justification pour que l’institution quitte les négociations.»
S’impliquant personnellement dans ces négociations, le patron de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait pourtant redoublé d’efforts pour tenter d’arracher un accord, après avoir rencontré plusieurs fois dans la semaine le Premier ministre grec, Alexis Tsipras.
La séance de négociations organisée ce week-end à Bruxelles était vue comme une «dernière tentative pour trouver une solution avec le Premier ministre grec». Étaient réunis des négociateurs grecs proches de Alexis Tsipras, le chef de cabinet de Jean-Claude Juncker, Martin Selmayr, des représentants du MES, le fonds de soutien de la zone euro. Les discussions se sont conclues sans l’once d’un accord, en raison de «divergences importantes» qui subsistent entre les deux parties, a indiqué un porte-parole de la Commission.
«Les propositions grecques restent incomplète», a insisté ce porte-parole, indiquant qu’il manque «jusqu’à deux milliards d’euros» d’efforts budgétaires annuels pour qu’Athènes obtienne l’aide financière qui peut lui éviter l’asphyxie.
Le principal point sur lequel se focalisent les négociateurs est le niveau de l’excédent budgétaire primaire (calculé hors du service de la dette), dont dépend le montant des économies ou des recettes supplémentaires à réaliser en Grèce. Les créanciers demandent qu’il atteigne 1 % cette année. Athènes a ces derniers jours laissé entendre qu’il pouvait concéder 0,9 % d’excédent pour 2015, mais refuse une baisse des salaires ou des retraites ou des augmentations de la TVA sur l’électricité.
La Grèce doit rembourser le 30 juin 1,6 milliard d’euros de prêts du FMI, et risque fort de ne pouvoir honorer cette échéance sans le versement de 7,2 milliards d’euros, suspendu depuis l’été dernier et lié à un accord avec les créanciers sur une série de réformes.
Réunion décisive jeudi à Luxembourg
«Nous voulons aider la Grèce et la maintenir dans la zone euro. Cependant, non seulement le temps commence à manquer, mais partout en Europe, la patience également», a mis en garde le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel. «À travers toute l’Europe, il y a le sentiment croissant que ça suffit!», a-t-il martelé dans des commentaires repris hier par le quotidien Bild.
«On est à la limite du temps disponible pour sauver la situation», a confié une source européenne. «Le gouvernement grec livre depuis samedi à Bruxelles sa plus difficile bataille», titrait de son côté le quotidien grec Avghi, proche du parti Syriza du Premier ministre, Alexis Tsipras.
Les discussions pour trouver un accord avant le 30 juin auront désormais lieu dans le cadre de l’Eurogroupe, le cénacle des ministres des Finances de la zone euro. La prochaine réunion aura lieu jeudi à Luxembourg avec la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, mais le calendrier est extrêmement serré car en cas d’accord, certains parlements nationaux devront donner leur feu vert au déboursement de l’aide avant la fin du mois.
AFP