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La Grèce s’enfonce dans la crise après son défaut de paiement et la fin du plan européen


La Grèce s’enfonce encore plus dans la crise : le pays a été contraint mardi de faire défaut sur sa dette vis-à-vis du FMI après avoir demandé, pour l’heure sans succès, une extension de l’aide financière européenne.

La Grèce a fait défaut sur sa dette vis-à-vis du Fonds monétaire international en n’honorant pas un remboursement de 1,5 milliard d’euros qui était dû mardi, a annoncé l’institution basée à Washington.

Athènes devient ainsi le premier pays développé à accumuler des arriérés de paiement vis-à-vis du FMI et n’a désormais plus accès aux ressources financières de l’institution qui, de son côté, essuie le plus grand défaut de son histoire.

Le FMI en a pris acte dans un très laconique communiqué, ajoutant également que son conseil d’administration, qui représente les 188 Etats-membres, en avait été informé. « Je confirme que le remboursement (…) dû au FMI par la Grèce aujourd’hui n’a pas été reçu », a indiqué le porte-parole du FMI Gerry Rice dans le communiqué.

A court de liquidités, la Grèce avait prévenu mardi qu’elle ne rembourserait pas le FMI, qui a participé aux côtés des Européens aux deux plans de sauvetage du pays assortis d’une cure d’austérité drastique.

Mais le pays avait toutefois fait mardi une ultime demande au FMI pour obtenir in extremis un délai. Le conseil d’administration du Fonds en a été informé mardi et a commencé à l’étudier, selon une source proche du dossier, mais devra se réunir ultérieurement pour l’approuver ou non. Le conseil d’administration se réunira « en temps utile », a précisé M. Rice, sans donner plus de détails.

Athènes devra donc désormais se passer de l’argent de ses créanciers publics puisque le volet européen du plan de sauvetage a par ailleurs expiré mardi et ne devra plus sa survie financière qu’à l’aide d’urgence fournie à ses banques par la Banque centrale européenne.

Cet incident de paiement constitue également un sérieux revers pour la crédibilité du FMI, qui n’avait plus enregistré de défaut de paiement depuis 2001 avec le Zimbabwe et qui a accordé à la Grèce le plus grand prêt de son histoire.

Encore récemment, le Fonds disait s’attendre à ce qu’Athènes honore ses engagements financiers. Début juin, sa directrice générale Christine Lagarde se raccrochait aux assurances du Premier ministre grec Alexis Tsipras l’invitant à ne « pas s’inquiéter ».

« Triste page d’un triste chapitre »

Les mésaventures du FMI avec la Grèce ne sont toutefois pas finies. Le pays doit au total virer 5,4 milliards d’euros dans les caisses du Fonds cette année sur une dette totale de quelque 21 milliards d’euros. Le prochain paiement de 284 millions d’euros est dû pour le 1er août.

« C’est une triste page d’un triste chapitre. Le FMI a pris des risques énormes avec ce plan d’aide », a dénoncé le représentant brésilien au FMI, Paulo Nogueira Batista, s’exprimant à titre personnel.

Plus tôt dans la journée, la Grèce avait tenté un autre coup de théâtre en faisant de nouvelles propositions à ses créanciers européens après la rupture des négociations samedi et l’approche d’un référendum crucial dimanche sur la poursuite du plan d’aide.

Dans le détail, la Grèce a demandé à l’Eurogroupe de pouvoir conclure avec le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de soutien de la zone euro, un accord sur deux ans permettant de couvrir ses besoins financiers, soit environ 30 milliards d’euros, tout en restructurant sa dette, a fait savoir le bureau du Premier ministre Alexis Tsipras.

La Grèce a même laissé entendre qu’elle pourrait suspendre l’organisation du référendum prévu sur les propositions de ses créanciers si les négociations reprenaient avec l’Union européenne, a indiqué une source européenne proche des discussions.

Cette idée d’un troisième plan d’aide, via le MES, va être étudiée « via les procédures normales », a affirmé Alexander Stubb, le ministre finlandais des Finances, après une conférence téléphonique de l’Eurogroupe en début de soirée. Les ministres reprendront leurs discussions mercredi dans la journée.

Plus tôt mardi, la chancelière allemande Angela Merkel avait fermé la porte à toute discussion sur le sujet en affirmant que l’Allemagne n’était pas prête à discuter d’une nouvelle demande d’aide d’Athènes avant dimanche, jour du référendum. Son ministre de l’Economie avait, lui, conditionné de nouvelles discussions à l’annulation du scrutin, qui fait trembler l’Europe.

Réunion cruciale à la BCE

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s’était lui montré énigmatique face à des journalistes à Bruxelles en prédisant « des événements importants (…) auxquels vous n’êtes pas préparés ».

Pendant ce temps, au moins 20 000 personnes manifestaient à Athènes en faveur du oui au référendum, en opposition au gouvernement d’Alexis Tsipras qui appelle à un « puissant non ».

La Grèce a désormais les yeux braqués sur une autre échéance cruciale : la réunion mercredi des 25 membres du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne qui doivent évoquer la situation du système bancaire grec.

Il devrait notamment être question de maintenir ou non une ligne de prêts d’urgence en faveur des établissements hellènes, fragilisés par des retraits massifs de Grecs inquiets pour leur avenir et celui de leur pays.

Techniquement, l’institution pourrait décider de couper le robinet financier à la Grèce, même si cela semblait peu probable.

Le Quotidien / AFP