La France a rendu à l’armée ivoirienne la base militaire qu’elle occupait depuis 50 ans près d’Abidjan.
La France a rétrocédé jeudi à la Côte d’Ivoire la grande base militaire qu’elle occupait depuis près de 50 ans près d’Abidjan, un départ concerté contrairement à d’autres pays africains qui ont récemment chassé l’armée française. Le retour dans le giron ivoirien de la base abritant le 43e Bataillon d’infanterie et de marine (43e BIMa) à Port-Bouët a été acté lors d’une cérémonie en présence des ministres de la Défense des deux pays, Téné Birahima Ouattara et Sébastien Lecornu. Le drapeau national aux couleurs orange, blanche et verte de la Côte d’Ivoire a été hissé sur la place d’armes de cette base stratégique située près de l’aéroport d’Abidjan, et rebaptisée à cette occasion du nom de Thomas d’Aquin Ouattara, premier chef d’Etat-major de l’armée ivoirienne.
«Cet acte marque une nouvelle étape dans les relations d’amitié et de coopération stratégique entre nos deux nations», a déclaré Téné Birahima Ouattara lors de la cérémonie. «Le monde change il est évident que notre relation de défense devait évoluer», a de son côté souligné M. Lecornu, saluant un moment «historique» et la «relation faite d’amitié et d’un très grand professionnalisme» entre les deux pays. «La France transforme sa présence mais ne disparaît pas», a-t-il ajouté. Téné Birahima Ouattara a tenu à «rassurer» la France que la coopération militaire serait à l’avenir «aussi bonne qu’elle a toujours été». Ces dernières semaines, une petite centaine de parachutistes ivoiriens a déjà pris ses quartiers sur ce camp, et plusieurs exercices communs sont menés.
1 500 soldats déployés
Cette rétrocession, annoncée le 31 décembre par le président ivoirien Alassane Ouattara, ponctue un processus initié il y a deux ans entre les deux pays, et alors que la France a annoncé sa volonté de réorganiser son dispositif militaire en Afrique. Face à la prise de pouvoir par des putschs de juntes devenues hostiles au Sahel, l’armée française déployée dans la lutte antijihadiste a dû plier bagage, de gré ou de force. D’abord au Mali, en février 2022, avec la fin de l’opération Barkhane, puis un an plus tard au Burkina Faso voisin, lorsque les autorités ont brutalement dénoncé l’accord militaire liant les deux pays.
A peine quelques jours après leur prise de pouvoir en juillet 2023, les putschistes du Niger ont fait de même, obtenant le départ en décembre de la même année des 1 500 soldats déployés dans la lutte antijihadiste. Enfin, plus récemment, le Tchad a prié l’armée française de quitter le territoire en quelques semaines et le Sénégal négocie le départ des troupes d’ici fin 2025.