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La France en danger de déclassement sur la scène mondiale après les élections


Pour le ministre italien des Affaires étrangères, l'élément crucial reste une politique française stable "parce que la stabilité en France, c'est aussi la stabilité" de l'Union européenne. (Photo AFP)

Un « déclassement » : quelle que soit l’issue du deuxième tour des élections législatives le 7 juillet, la voix de la France risque d’être affaiblie à l’international, notamment sur les questions de défense en Europe, dont Emmanuel Macron avait fait son cheval de bataille.

Le parti d’extrême droite Rassemblement national et ses alliés sont arrivés dimanche soir largement en tête du premier tour de ce scrutin anticipé avec un score historique de 33,14%, devant le Nouveau Front populaire réunissant les partis de gauche (27,99%), loin devant le camp du président Emmanuel Macron (20,04%).

Pour l’heure, le scénario d’une Assemblée nationale bloquée sans alliance majoritaire envisageable entre les trois blocs en présence reste une possibilité, à côté de celle d’une majorité absolue obtenue par le RN qui permettrait à Jordan Bardella, son chef de file, de devenir Premier ministre. Dans les deux cas, non sans conséquences sur la place à laquelle la France aspire à jouer dans le monde.

« Dans le premier scénario, il n’y a pas de gouvernement durable (…), c’est une arme de distraction massive » au sens négatif du terme, résume le chercheur François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), qui prédit dans ce cas « un déclassement de fait, mais pas forcément pérenne ».

Une France «aux abonnés absents»

Un tel scénario conduirait nécessairement à de nouvelles élections législatives dans un an. « Pendant ce temps-là, la France sera clairement aux abonnés absents : elle ne va pas jouer un rôle moteur en matière d’organisation de la politique de sécurité en Europe, elle ne sera pas un élément important dans la détermination de la réponse européenne aux événements électoraux aux Etats-Unis de novembre » en cas de retour du républicain Donald Trump à la Maison Blanche, estime-t-il.

Dans le cas d’un Premier ministre RN fort de coudées franches pour gouverner, « la France ne sera plus au centre du jeu » sur l’Ukraine, poursuit-il alors qu’Emmanuel Macron s’est montré très actif ces derniers mois dans le soutien européen à Kiev.

Problème de lisibilité

Pour le chercheur Yann Wernert de l’Institut Jacques Delors, « l’autorité du président, déjà clairement entamée par la décision de dissoudre l’Assemblée nationale, va encore s’amenuiser avec ces mauvais résultats ». « Sur le plan de la politique européenne, sa voix perd sensiblement de son poids », juge-t-il.

De son côté, le député français sortant Thomas Gassilloud note le risque « d’incertitude sur la lisibilité » des choix véritablement opérés par la France avec un président de la République, un Premier ministre, un président de l’Assemblée nationale et un Président du Sénat « qui seront potentiellement chacun issus de couleurs politiques différentes ». « Nos alliés vont se demander dans quelle mesure les choix proposés par la France sont bien engageants sur le long terme », dit-il.

Pour autant, il veut aussi croire à « une opportunité » de confronter les visions et forcer à travailler davantage en commun « pour définir collectivement nos priorités stratégiques » après la campagne des européennes et celle des législatives, qui ont fait apparaître des clivages profonds entre les sensibilités politiques sur de multiples sujets internationaux.

«La stabilité en France, c’est aussi la stabilité de l’Union européenne»

Le jugement du diplomate Jean-Marie Guéhenno est sévère. « Une seule certitude : même si on réussit à priver le RN d’une majorité absolue, la France va être très affaiblie à un moment où il faudrait, face aux défis, une France forte dans une Europe déjà affaiblie par la faiblesse allemande », avec une coalition au pouvoir fragilisée après les européennes, a-t-il écrit sur son compte X lundi, citant la Russie, Donald Trump, la Chine, le climat et le décrochage technologique.

Pour le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, l’élément crucial reste une politique française stable « parce que la stabilité en France, c’est aussi la stabilité » de l’Union européenne, a-t-il confié à des journalistes à Milan, selon des propos rapportés par l’agence Ansa.

Face à la possibilité d’une cohabitation dure avec l’extrême droite, Thomas Gassilloud se veut rassurant : « La recomposition politique n’entrainera pas une bascule complète de notre politique étrangère ».

Un commentaire

  1. Il serait bon que macron disparaisse du jeu et avec lui la volonte de soutenir la poisseuse ukraine de zelenski qui veut nous entrainer dans sa guerre.