Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Deux personnalités politiques de premier plan en Flandre ont salué la « victoire » des indépendantistes catalans, mais une poussée en faveur de l’indépendance de la région néerlandophone du nord de la Belgique semble improbable dans l’immédiat, ont estimé lundi des analystes.
« Je veux féliciter mon collègue Artur Mas pour sa victoire et je me réjouis de pouvoir renforcer les relations entre la Flandre et la Catalogne au cours des prochaines années », a déclaré le ministre-président de la Flandre, Geert Bourgeois, membre fondateur du parti nationaliste Nouvelle alliance flamande (N-VA).
« Les Catalans ont envoyé un signal clair et qui ne peut pas être ignoré: ils se sont prononcés pour une Catalogne souveraine. J’espère que les gouvernements espagnol et catalan collaboreront sans tabou pour parvenir à une solution politique », a abondé le président de la N-VA, Bart De Wever.
Fondée en 2001, la N-VA a fait de l’indépendance de la Flandre, où vivent 60% des 11 millions de Belges, le premier point de son programme. Mais depuis son entrée dans la coalition au pouvoir en Belgique, en octobre 2014, le parti de Bart De Wever a privilégié les questions économiques et de sécurité, remisant au second plan ses revendications autonomistes.
« Pour l’instant, nous avons un accord (avec la N-VA, NDLR) pour ne pas revenir (aux) matières institutionnelles avant la prochaine législature, donc j’espère que cela va être respecté par tout le monde. Je comprends que l’on félicite quelqu’un qui a gagné les élections, mais il y a une différence entre ça et rouvrir le débat belge », a expliqué à la télévision publique RTBF le ministre belge des Affaires étrangères, le libéral francophone Didier Reynders.
« Je ne crois pas que la N-VA va changer de stratégie à court terme, mais cela peut avoir une influence sur leur positionnement aux prochaines élections de 2019, quand la Catalogne sera peut-être indépendante ou quasi », a estimé le politologue flamand Dave Sinardet dans le journal Le Soir.
Les séparatistes catalans ont remporté dimanche la majorité absolue au parlement régional, même s’il n’ont engrangé, en voix, que 47,8% des suffrages.
« On sait que pour la N-VA, un raz-de-marée indépendantiste aurait sans doute pu être présenté comme une rupture de tabou (…) aux yeux de l’électorat flamand », souligne le Soir dans son éditorial. « Mais alors que l’aspiration indépendantiste est partagée par près de la moitié des Catalans, elle reste minoritaire en Flandre », une région qui dispose déjà d’une large autonomie, ajoute le journal francophone.
Le quotidien de référence en Flandre, De Standaard, estime également que le « Flamand, plus flegmatique, ne partage pas encore le sentiment indépendantiste des Ecossais et des Catalans ».
« Même la N-VA est terrorisée à l’idée d’aller devant les électeurs avec un programme aussi polarisant » que l’indépendance, ajoute le Standaard, qui souligne toutefois lui aussi l’importance de l’échéance de 2019 pour l’avenir de la Belgique.
AFP / S.A.
