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La droite européenne sanctionne a minima Viktor Orban


Tout sourire lors de sa conférence de presse à l'issue du vote, Viktor Orban s'est même vanté : "Ce n'est pas possible de nous expulser, ou de nous suspendre, nous avons gagné quatre élections, c'est pourquoi nous avons décidé de nous suspendre unilatéralement". (photo AFP)

La droite européenne a décidé mercredi de sanctionner a minima le dirigeant hongrois Viktor Orban après ses dérapages populistes contre Bruxelles ou l’immigration, pour ne pas se priver d’un allié de poids, avant le renouvellement du Parlement de Strasbourg.

En suspendant provisoirement de ses rangs la formation du Premier ministre hongrois, le Fidesz, le Parti populaire européen (PPE) a mis en quelque sorte son « enfant terrible » sous surveillance.

Une punition qui n’a visiblement pas impressionné Viktor Orban et pour laquelle il s’est lui même prononcé.

L’Assemblée politique du PPE, qui réunit les formations de droite et du centre-droit de l’UE, comme la CDU de la chancelière allemande, Angela Merkel, Les Républicains (LR) en France, ou le CSV au Luxembourg, a voté à une écrasante majorité (190 pour, 3 contre) pour cette suspension temporaire.

Concrètement, cela signifie que le Fidesz n’aura – jusqu’à nouvel ordre – plus le droit de participer aux réunions du PPE, sera privé de ses droits de vote et ne pourra pas présenter de candidats à des postes en interne.

« La présidence du PPE et le Fidesz ont convenu d’un commun accord la suspension du Fidesz jusqu’à la publication d’un rapport par un comité d’évaluation (NDLR : de ce parti) », selon le compromis adopté.

Aucune durée de suspension n’est mentionnée. Un comité de trois Sages, présidé par Herman Van Rompuy, ancien Premier ministre belge et ancien président du Conseil européen, devra rendre à l’automne un rapport d’évaluation sur la conduite du Fidesz.

Tout sourire, Viktor Orban se vante

Tout sourire lors de sa conférence de presse à l’issue du vote, Viktor Orban s’est même vanté : « Ce n’est pas possible de nous expulser, ou de nous suspendre, nous avons gagné quatre élections, c’est pourquoi nous avons décidé de nous suspendre unilatéralement ».

De fait, le Premier ministre hongrois a évité une exclusion définitive du PPE, comme l’avait notamment réclamé mercredi encore le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Fin février, Viktor Orban s’était attiré les foudres de plusieurs de ses pairs après une campagne d’affichage contre Jean-Claude Juncker, qui montrait ce dernier ricanant aux côtés du milliardaire américain juif d’origine hongroise, George Soros, et où il l’accusait de soutenir l’immigration sur le Vieux Continent.

Or, certains au PPE craignaient qu’exclure Viktor Orban n’ouvre la voie à une scission entre l’Est et l’Ouest du continent.

Ils s’inquiétaient également de le voir se jeter dans les bras du vice-Premier ministre italien et ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, le chef de la Ligue (extrême droite).

À l’issue du vote de mercredi, le chef de file pour les élections européennes du PPE, Manfred Weber, qui avait également accentué la pression la semaine dernière sur Viktor Orban, a affirmé que « la menace d’une exclusion (n’avait) pas disparu ».

« Nous allons en débattre après le rapport d’évaluation », a ajouté l’Allemand qui brigue la succession de Jean-Claude Juncker et pour qui Viktor Orban est devenu une source d’embarras croissant.

«Une ruse politique qui fait honte à l’Europe»

Viktor Orban, 55 ans, doit en tout cas désormais remplir plusieurs conditions s’il veut rester au sein du PPE : l’arrêt de la campagne anti-Bruxelles, s’abstenir de telles campagnes à l’avenir et le maintien à Budapest de l’Université d’Europe centrale (CEU) fondée en 1991 par George Soros.

Il a certes déjà retiré les affiches controversées et les a remplacées par une campagne prônant les valeurs de la famille.

Mais concernant l’Université d’Europe centrale, sa bête noire, Viktor Orban n’a pas bougé. Cet établissement de droit américain, s’estimant chassé par le Premier ministre nationaliste, va déménager l’essentiel de ses activités à Vienne.

Il n’est pas certain que le compromis trouvé permette à Manfred Weber d’asseoir son autorité en pleine campagne électorale.

« L’accord entre le PPE et le Fidesz est une ruse politique qui fait honte à l’Europe et est conclu pour que Orban puisse rester », a asséné le Belge Guy Verhofstadt, président des libéraux (Alde) au Parlement européen. Et d’ajouter : « Le PPE a perdu l’autorité morale pour diriger l’Europe. »

AFP