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La doyenne des Européens, Sœur André, fête ses 118 ans avec du porto


Sœur André fête ses 118 ans ce vendredi 11 février. Photo by NICOLAS TUCAT / AFP

Sœur André, probable doyenne des Européens et vice-doyenne de l’humanité, a atteint le cap des 118 ans vendredi à Toulon et, comme d’habitude, le célèbrera avec son traditionnel cocktail porto-chocolat et une pointe de lassitude.

« Je ne peux plus les supporter, les invités, je suis moins aimable », expliquait tout récemment la religieuse, lors d’une enquête sur ces super-centenaires qui défient la science : « J’étais toujours admirée pour ma sagesse et mon intelligence, et maintenant on se moque de moi parce que je suis réfractaire ».

« Je pense me retirer de cette affaire, mais ils ne veulent pas », insistait-elle avec son humour décapant, semblant regretter que Dieu l’ait oubliée dans son appel à quitter le monde.

Même si aucun organisme officiel ne décerne le « titre » de doyen, Sœur André, née Lucile Randon le 11 février 1904 à Alès (Gard), est une des femmes les plus âgées de France, voire d’Europe. Elle est plus jeune de 13 mois à peine que la doyenne connue de l’humanité, la Japonaise Kane Tanaka, qui a fêté ses 119 ans début janvier.

Sœur André a reçu dans la matinée la visite de la députée locale Germaine Levy (parti Les Républicains, droite), accompagnée du maire de Toulon Hubert Falco qu’elle apprécie beaucoup, surtout depuis le jour où il s’est mis à genoux pour lui refaire ses lacets.

Puis, dans l’après-midi, pour le gâteau au chocolat d’anniversaire, ce sera l’archevêque du diocèse de Fréjus-Toulon, Dominique Rey, qui lui rendra visite, a précisé David Tavella, chargé de la communication de l’Établissement d’hébergement pour personnes âgées et dépendantes (Ehpad) Sainte-Catherine-Labouré, qui est son confident, « son impresario » comme il aime à se qualifier.

Car cette dame, devenue aveugle et qui vit mal d’être privée de liberté sur son fauteuil roulant, garde intacte l’envie d’échanger.

Comme sur la période qu’elle juge la plus heureuse de sa vie, quand elle était fille au pair à Paris : « J’avais 40 ans, c’était il y a 80 ans. Paris était d’une beauté magnifique. Moi qui n’avais vécu que dans le Gard, dans une petite ville moche, j’arrivais dans une ville radieuse ».

Issue d’une famille protestante non pratiquante, Sœur André, écrit au masculin en hommage à l’un de ses trois frères, a été gouvernante avant de rentrer tardivement dans les ordres, au sein de la compagnie des Filles de la Charité.

Elle a travaillé jusqu’à la fin des années 1970 et passé ensuite 30 ans dans un Ehpad en Savoie avant d’arriver dans l’établissement toulonnais où elle côtoie une quinzaine d’autres religieuses à l’office du matin. Elle a toujours des petits-neveux et de nombreux arrières petits-neveux, dont certains viendront la voir samedi.