Les États-Unis ont annoncé qu’ils ne considéraient plus comme illégales les colonies israéliennes en Cisjordanie, territoire occupé par Israël, une décision qui a attiré mardi réprobations dans le reste du monde.
Israël a jubilé après cette annonce faite lundi par le secrétaire d’État Mike Pompeo, alors que les Palestiniens l’ont condamnée avec force. « Un changement dans la politique d’un État ne modifie pas le droit international existant, ni son interprétation par la Cour internationale de Justice et le Conseil de sécurité », a affirmé Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme. « Nous continuons à suivre la position historique des Nations unies selon laquelle les colonies israéliennes constituent une violation du droit international ».
L’Union européenne a déclaré que « toute activité de colonisation est illégale au regard du droit international et compromet la viabilité de la solution à deux États et les perspectives d’une paix durable, comme le réaffirme la résolution 2334 du Conseil de sécurité ». « L’UE demande à Israël de mettre fin à toute activité de colonisation, conformément à ses obligations en tant que puissance occupante », selon la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.
« La construction de colonies de peuplement est contraire au droit international », a jugé Berlin. « L’annonce américaine est une mauvaise nouvelle pour le processus de paix. (…) Elle affaiblit la perspective d’une reprise rapide de pourparlers de paix constructifs », a estimé le Danemark. La Norvège a estimé que l’annonce américaine « sur la légalité des colonies israéliennes en Cisjordanie ne nous amène pas plus près d’une solution politique au conflit et peut rendre les efforts de paix encore plus difficiles ».
« Pas un menu à la carte », critique Asselborn
« Le droit international n’est pas un menu à la carte. L’annonce faite hier est très préoccupante. Elle conduit à un affaiblissement du droit international et sape la perspective d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens », a réagi de son côté le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn.
La Suisse « confirme sa position » qui considère les colonies israéliennes « illégales au regard du droit international, en particulier de la quatrième Convention de Genève ». « La position de la Grande-Bretagne sur les colonies n’a pas changé. Elles sont illégales au regard du droit international, constituent un obstacle à la paix et menacent la viabilité d’une solution à deux États », a déclaré une porte-parole du Foreign Office.
« Nous considérons la décision de Washington comme une nouvelle mesure en contradiction avec les bases juridiques d’un règlement (du dossier) du Proche-Orient », a déclaré le ministère des Affaires étrangères russe, en estimant qu’elle exacerbait les tensions israélo-palestiniennes. « Le statut des colonies israéliennes est (…) illégal et contraire au droit international », a jugé le ministère des Affaires étrangères égyptien. « Le Qatar rejette la déclaration des États-Unis (…) et réitère son soutien à la cause palestinienne », a écrit la porte-parole de la diplomatie qatarie sur Twitter, Lolwah Alkhater.
Le Koweït a affirmé que la décision de Washington « compromet les chances de paix ». Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit a estimé que la décision américaine allait « inciter les colons israéliens à exercer davantage de violence et de brutalité à l’encontre du peuple palestinien et allait entraver toute perspective de paix juste ». « Aucun pays n’est au-dessus de la loi internationale. Les déclarations sous forme de faits accomplis n’ont aucune validité eu égard au droit international », a écrit le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu sur Twitter.
LQ/AFP