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Rohingyas : la Cour internationale de justice va se prononcer sur les mesures d’urgence


Musulmans et très liés au Bangladesh, les Rohingyas subissent des pressions et des violences terribles en Birmanie (Photo d'archives : AFP).

La Cour internationale de justice (CIJ) se prononcera la semaine prochaine sur « les mesures d’urgence » demandées par la Gambie pour protéger les Rohingyas de nouvelles exactions de l’armée birmane, accusée de « génocide » à l’encontre de la minorité musulmane.

La CIJ, instance judiciaire de l’ONU, va rendre sa décision le 23 janvier, a annoncé mercredi sur Twitter le ministère gambien de la Justice.

Depuis août 2017, quelque 740.000 Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh pour fuir les exactions de militaires birmans et de milices bouddhistes.

La Gambie, soutenue par les 57 États membres de l’Organisation de la coopération islamique, le Canada et les Pays-Bas, accuse la Birmanie d’avoir violé la Convention des nations unies de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide.

Elle a demandé à la CIJ d’ordonner « des mesures d’urgence » pour protéger les Rohingyas restés en Birmanie de nouvelles exactions, citant « les assassinats extra-judiciaires », « les viols » et « la destruction de maisons et de villages ». Quelque 600 000 membres de la minorité musulmane vivent encore dans le pays, en Etat Rakhine (ouest).

La Gambie demande aussi que les preuves des atrocités alléguées soient préservées.

La CIJ, fondée après la Seconde Guerre mondiale pour garantir la paix et régler les litiges entre États, ne rend que des avis consultatifs et ne dispose d’aucun moyen de contrainte. Ses décisions ne sont pas toujours appliquées par les pays.

Première étape d’un long chemin

Et si elle devait donner raison à la Gambie sur ces mesures d’urgence, cela ne sera qu’une première étape en attendant que soit rendu l’arrêt définitif sur le fond de l’affaire, ce qui pourrait prendre des années.

Depuis sa création, la CIJ a établi une seule fois qu’un génocide avait été commis: à Srebrenica, en Bosnie, en juillet 1995, où près de 8.000 hommes et garçons musulmans ont été tués par les forces serbes.

En décembre, la cheffe de facto du gouvernement birman Aung San Suu Kyi était venue à La Haye, où siège la CIJ, pour défendre en personne son pays, à majorité bouddhiste, dans la crise des Rohingyas.

A cette occasion, la lauréate du prix Nobel de la paix, très critiquée par la communauté internationale pour son silence dans cette affaire, avait fermement rejeté les accusations selon lesquelles l’armée avait agi avec une « intention génocidaire ».

Elle avait aussi mis en garde contre une procédure susceptible de « saper la réconciliation » des communautés en Birmanie.

Les autorités birmanes insistent aussi sur le fait qu’elles mènent déjà leurs propres enquêtes sur ces exactions présumées, mais les observateurs mettent en doute l’impartialité de ces investigations.

Le pays est mis en cause dans plusieurs autres procédures dans cette affaire, devant la Cour pénale internationale (CPI) et en Argentine.

AFP