La Corée du Nord a lancé dimanche son plus puissant missile depuis 2017, selon Séoul, qui estime que Pyongyang pourrait bientôt mettre à exécution sa menace de reprendre ses essais nucléaires ou de missiles balistiques intercontinentaux.
Cet essai d’armement est le septième mené par le régime de Pyongyang depuis le début de l’année.
La dernière fois que la Corée du Nord avait effectué autant de tirs en si peu de temps remonte à 2019, après l’échec de négociations entre son leader Kim Jong Un et le président américain de l’époque Donald Trump.
La Corée du Sud a averti dimanche que le Nord était en train de suivre « une voie similaire » à celle de 2017, quand les tensions étaient à leur comble dans la péninsule coréenne.
Pyongyang « est proche de rompre le moratoire » auto-imposé sur les essais nucléaires et de missiles balistiques intercontinentaux, a jugé le président sud-coréen Moon Jae-in dans un communiqué.
L’état-major interarmes sud-coréen a indiqué avoir, dimanche à l’aube, « détecté un missile balistique à portée intermédiaire tiré à un angle élevé vers l’est ». Un tir à un angle élevé signifie que le missile n’atteint pas sa portée maximale.
Le missile a été tiré depuis la province septentrionale de Jagang, d’où la Corée du Nord a lancé ces derniers mois ce qu’elle a présenté comme des missiles hypersoniques.
Il a atteint une altitude maximale de 2.000 km et a parcouru environ 800 km en 30 minutes avant de tomber en mer du Japon, a précisé l’état-major.
« La Corée du Nord avait effectué des tests similaires pour ses technologies naissantes en matière de missiles de longue portée en 2017 », a tweeté Chad O’Carroll, du site spécialisé NK News. « Cela sous-entend que l’essai d’aujourd’hui concernerait un missile de ce genre, ou peut-être quelque chose de nouveau. En d’autres termes, c’est une grosse information ».
Le dernier missile de ce type à avoir été testé par Pyongyang était le Hwasong-12, qui avait parcouru 787 km et atteint une altitude maximale de 2.111 km en 2017.
À l’époque, les analystes avaient calculé que ce projectile avait la capacité de parcourir 4.500 km, et donc d’atteindre l’île de Guam, un territoire américain dans l’océan Pacifique.
Menace d’essais nucléaires
Le régime nord-coréen a menacé le 20 janvier de reprendre ses essais nucléaires ou de missiles, s’y disant contraint par la politique « hostile » des États-Unis à son égard.
Depuis l’investiture du président Joe Biden en janvier 2021, Pyongyang a rejeté les différentes propositions de dialogue faites par Washington. Et Kim Jong Un a réaffirmé en décembre que sa priorité était de moderniser l’arsenal du pays.
Vendredi, l’agence nord-coréenne KCNA a publié des images de M. Kim visitant une usine d’armement. Sur une de ces photos, on le voit rayonnant, portant son habituel manteau de cuir noir à ceinture, entouré d’officiels en uniforme, dont les visages sont floutés.
L’essai de dimanche constitue une « violation claire » des résolutions de l’ONU, a déclaré un porte-parole du département d’État américain à l’agence Yonhap.
Selon Soo Kim, analyste chez Rand Corporation, la Corée du Nord a attendu son heure et, désormais, « accélère progressivement » ses essais d’armes.
« Kim a retenu son appétit pour les tests et les provocations », explique-t-elle. « Maintenant le moment est venu et les tirs répétés de missiles ajoutent un nouveau problème à une liste de défis internationaux déjà bien remplie pour Washington ».
Ces essais nord-coréens interviennent dans une période délicate pour la région : la Chine, seul allié majeur du régime nord-coréen, accueille les Jeux olympiques d’hiver en février et la Corée du Sud tient une élection présidentielle en mars.
Pyongyang se prépare à célébrer le 80e anniversaire de la naissance du père de Kim, le défunt Kim Jong Il, en février, puis le 110e anniversaire de son grand-père, Kim Il Sung, le dirigeant fondateur du pays, en avril.
La multiplication des essais d’armes survient aussi à un moment où l’économie nord-coréenne est à mise à genoux par les sanctions internationales et par quasiment deux ans de fermeture des frontières au nom de la lutte contre le Covid-19.
« Le régime de Kim est à l’écoute de ce qui se dit à l’extérieur à propos de sa faiblesse interne », explique Leif Easley, professeur à l’Université Ewha. « Alors il veut rappeler à Washington et à Séoul que toute tentative pour le renverser serait bien trop coûteuse ».