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La Corée du Nord inscrit son statut d’Etat nucléaire dans la Constitution


Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un (Photo : AFP)

La Corée du Nord a inscrit son statut d’État nucléaire dans la Constitution, « que personne n’est autorisé à bafouer », a déclaré le numéro 1 nord-coréen, dans un discours rapporté jeudi par les médias d’État, amenuisant les espoirs de dénucléarisation.

« La politique de construction de la force nucléaire de la RPDC (République populaire démocratique de Corée, ndlr) est devenue permanente en tant que loi fondamentale de l’État », a annoncé Kim Jong Un, utilisant l’acronyme officiel de la Corée du Nord.

Il a ajouté, lors d’une réunion de l’Assemblée populaire qui s’est tenue mardi et mercredi, « que personne n’est autorisé à bafouer » la loi fondamentale de l’État, selon l’agence officielle KCNA.

Il y a un an, la Corée du Nord, qui a déjà procédé à six essais nucléaires de 2006 à 2017, avait annoncé une nouvelle doctrine rendant « irréversible » son statut de puissance nucléaire, et l’autorisant à mener une frappe atomique préventive en cas de menace existentielle contre son régime.

En inscrivant cette fois le statut d’État nucléaire dans la Constitution elle-même, l’Assemblée est allée encore plus loin, amenuisant les espoirs de dénucléarisation du Nord.

« Il s’agit d’un événement historique » pour « renforcer de manière remarquable les capacités de défense nationale », a encore déclaré Kim, selon l’agence KCNA.

Le numéro 1 nord-coréen a également accusé Washington, Séoul et Tokyo d’avoir formé une « alliance militaire triangulaire » qu’il a comparé à « une version asiatique de l’Otan ».

« Il s’agit là de la pire menace réelle, et non d’une rhétorique menaçante ou d’une entité imaginaire », a ajouté Kim.

Face à cette « menace », selon le dirigeant, il est essentiel pour la Corée du Nord « d’accélérer la modernisation de ses armes nucléaires pour garder un avantage définitif dans la stratégie de dissuasion ».

Kim a souligné le besoin de renforcer la production de l’arsenal nucléaire et de « diversifier les types de frappes nucléaires », selon KCNA.

Craintes d’un septième essai nucléaire

Ce discours « signifie que la force nucléaire devient une donnée permanente » en Corée du Nord, selon Yang Moon-jin, président de l’Université des Études nord-coréennes à Séoul.

Et « cela éloigne encore plus la perspective d’une dénucléarisation de la Corée du Nord », indique-t-il.

À la tribune de l’ONU, fin septembre, Pyongyang avait prévenu, par la voix de son ambassadeur aux Nations unies, que la péninsule coréenne était « au bord d’une guerre nucléaire », pointant du doigt la politique américaine en Asie.

Les observateurs occidentaux redoutent que Pyongyang ne procède à un nouvel essai nucléaire, le septième de son histoire, le premier depuis 2017.

« Si la Corée du Nord utilise des armes nucléaires, son régime sera stoppé par une réponse écrasante de l’alliance américano-sud-coréenne », avait mis en garde le président sud-coréen Yoon Suk Yeol.

La Corée du Nord a multiplié cette année les essais d’armements interdits. Lors du dernier de ces tests, le 13 septembre, elle a procédé au tir de deux missiles balistiques à courte portée, alors que Kim se trouvait en Russie pour un sommet avec le président russe Vladimir Poutine.

Le mois dernier, Pyongyang a échoué dans sa deuxième tentative de mise en orbite d’un satellite espion.

En réaction, la Corée du Sud et les États-Unis ont renforcé leur coopération en matière de défense, en organisant des exercices conjoints ainsi que des manœuvres navales avec le Japon.

Les relations entre les deux Corées sont au plus bas depuis des années et la diplomatie est au point mort.

Le 2 septembre, la Corée du Nord a organisé un exercice de « simulation d’attaque nucléaire tactique » avec des ogives atomiques fictives attachées à deux missiles de croisière à longue portée qui ont été tirés dans l’océan, selon KCNA.

L’agence d’État avait présenté cette opération comme une réponse aux activités militaires conjointes entre Washington et Séoul qui, selon elle, ont aggravé les tensions dans la région.

La visite d’une semaine de Kim en Russie, sa première à l’étranger depuis la pandémie de coronavirus, a ravivé les craintes occidentales de voir Moscou et Pyongyang défier les sanctions.

Moscou serait intéressée par l’achat de munitions nord-coréennes pour son offensive en Ukraine, tandis que Pyongyang souhaiterait l’aide de la Russie pour développer son programme de missiles.