La Corée du Nord, poursuivant une série de tests commencée il y a quelques semaines, a lancé un missile balistique, qui aurait été tiré par un sous-marin, a annoncé mardi l’armée sud-coréenne.
« Notre armée a détecté un missile balistique à courte portée non identifié, il s’agirait d’un SLBM (missile balistique stratégique mer-sol, ndlr) tiré par la Corée du Nord », selon un communiqué des chefs d’état-major. Le missile a été lancé depuis Sinpo vers la mer à l’est de la péninsule, ont-ils ajouté. « Les services de renseignement sud-coréens et américains procèdent à une analyse minutieuse afin d’obtenir des détails supplémentaires », ont poursuivi les chefs d’état-major. Sinpo est une ville portuaire de l’est du pays où se situe un important chantier naval. Des images satellites y ont montré la présence de sous-marins.
Le Nord s’efforce actuellement de mettre au point le lancement d’un missile balistique depuis un sous-marin (SLBM), il a déjà procédé a un lancement depuis un engin immergé.
Pyongyang, doté de l’arme nucléaire, a récemment effectué plusieurs tests, notamment un missile à longue portée, une arme tirée depuis un train et un missile présenté comme hypersonique par la Corée du Nord, suscitant l’inquiétude de nombreuses nations. La semaine dernière, lors d’une exposition consacrée à la défense, un immense missile balistique intercontinental (ICBM), dévoilé l’an passé lors d’un défilé militaire, a été présenté.
Course à l’armement
« La raison fondamentale de cette provocation du Nord est que les États-Unis ne changent pas leur position sur les pourparlers », a déclaré à l’AFP Shin Beom-chul, chercheur à l’Institut coréen de recherche sur la stratégie nationale. Pour lui, le régime de « Pyongyang essaie ainsi de démontrer qu’il peut être encore plus provoquant ».
La semaine dernière, lors de l’exposition, le dirigeant Kim Jong Un, sous le règne duquel le pays a réalisé d’immenses progrès en matière d’armement, a accusé les Etats-Unis d’être la « cause profonde » de l’instabilité dans la péninsule, estimant qu’il n’existe aucune raison « de croire qu’ils ne sont pas hostiles ». La péninsule coréenne semble lancée dans une course à l’armement.
En septembre, Séoul a testé son premier SLBM, devenant l’une des rares nations à disposer de cette technologie avancée, et a dévoilé un missile de croisière hypersonique. Après le tir de mardi, le bureau de la présidence sud-coréenne a annoncé la tenue d’une réunion du Conseil national de la sécurité sans préciser le sujet qui sera évoqué. Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a fait état de deux missiles balistiques tirés, qualifiant ce lancement de « très regrettable ».
« Voie diplomatique »
Ce nouveau tir intervient alors que la directrice des services de renseignement américains, Avril Haines, est à Séoul pour participer à une réunion tripartite avec ses homologues sud-coréen et japonais sur la Corée du Nord, selon des médias. Il a été lancé au lendemain de l’appel au dialogue avec Pyongyang lancé par Sung Kim, représentant spécial de l’actuel président américain Joe Biden pour la Corée du Nord.
« Nous poursuivrons la voie diplomatique avec la Corée du Nord afin d’effectuer des progrès tangibles qui amélioreront la sécurité des Etats-Unis et de nos alliés », a affirmé lundi Sung Kim, à l’issue d’une rencontre son homologue sud-coréen Noh Kyu-duk à Washington. « Nous n’avons aucune intention hostile envers la Corée du Nord et nous espérons les rencontrer sans conditions », a-t-il déclaré à la presse.
Le diplomate a cependant ajouté que les alliés avaient la « responsabilité de mettre en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU », faisant référence aux sanctions internationales que Pyongyang tente de faire lever. Kim Jong Un a rencontré à trois reprises le président américain Donald Trump mais les pourparlers sont au point mort depuis le deuxième sommet en 2019, faute d’accord sur l’allègement des sanctions internationales et sur les gestes que Pyongyang était prêt à concéder en retour.
Washington a répété à plusieurs reprises sa volonté de rencontrer des représentants nord-coréens à tout moment et en tout lieu, sans condition préalable.
LQ/AFP