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La Commission d’Ursula von der Leyen enchaîne les coups durs


La nouvelle présidente de l'exécutif européen n'est pas encore en fonction mais doit déjà gérer des situations délicates. (photo AFP)

Avant même leur oral de confirmation, deux des commissaires de l’équipe de la future présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont été jugés « inaptes » pour conflit d’intérêts, un coup dur pour la nouvelle présidente de l’exécutif européen.

Pour la première fois de son histoire, la commission des Affaires juridiques (JURI), chargée de valider les déclarations d’intérêt des candidats, a refusé de donner son aval à deux personnes, la sociale-démocrate roumaine Rovana Plumb (Transports) et le Hongrois Laszlo Trocsanyi (PPE, droite; Voisinage et Élargissement). Il s’agissait d’une étape préliminaire avant une série d’auditions des candidats par les eurodéputés qui se tiennent à partir de ce lundi et jusqu’au 8 octobre.

Les deux commissaires sont « inaptes » à exercer leurs fonctions, a affirmé sur Twitter l’eurodéputé allemand Tiemo Wölken. Il revient désormais à Ursula von der Leyen de tirer les conséquences de ce rejet pour des soupçons de conflit d’intérêts. Leur audition n’aura pas lieu.

« Ça a été chaotique, mais les députés ont, à une assez large majorité, fait valoir leur devoir de veiller à l’intérêt général », s’est félicitée Marie Toussaint, députée écologiste française, membre de la commission JURI. La décision de cette commission est « une collection de mensonges, de raccourcis erronés et d’amalgames tendancieux », a immédiatement réagi Laszlo Trocsanyi dans un communiqué. Royana Plumb est dans le viseur du Parlement pour deux prêts litigieux. Et Laszlo Trocsanyi a été interrogé sur ses liens avec le cabinet d’avocats qu’il a fondé en 1991, avant de devenir ministre de la Justice de Viktor Orban.

Le feu vert du Parlement européen est obligatoire pour l’entrée en fonction des 26 commissaires. Dans le passé, il n’a pas hésité à recaler, en 2014, une candidate slovène. Quant au socialiste français Pierre Moscovici et au conservateur espagnol Miguel Arias Canete, ils n’avaient été approuvés qu’à la faveur d’un arrangement entre les deux principales forces politiques du parlement.

Marge de manœuvre étroite

Petite éclaircie dans le ciel nuageux au-dessus de l’équipe von der Leyen, l’office antifraude européen, l’Olaf, a clôturé vendredi soir l’enquête concernant le Polonais Janusz Wojciechowski. Il a recommandé le remboursement de frais de voyage datant de son mandat de député européen, à hauteur de 11 250 euros, mais a écarté des poursuites administratives ou judiciaires. Ce recouvrement a déjà été effectué.

L’Olaf mène une deuxième enquête sur un commissaire candidat, la Française Sylvie Goulard, elle aussi ancienne eurodéputée. Le dossier est toujours ouvert, mais elle a d’ores et déjà remboursé 45 000 euros bruts de remboursements de dépenses indus. Sylvie Goulard (Marché intérieur) a reçu le feu vert de la Commission des Affaires juridiques, mais ne devrait pas échapper à la curiosité des eurodéputés en charge de son audition, tout comme une poignée d’autres collègues dont les cas seront scrutés attentivement.

Une enquête sur des accusations de corruption à l’encontre du Belge Didier Reynders (Justice) a été classée sans suite vendredi. L’Espagnol Josep Borrell, en lice pour être le nouveau chef de la diplomatie européenne, a écopé l’an dernier d’une amende de 30 000 euros pour délit d’initié après avoir vendu en 2015 des actions d’une société dont il était membre du conseil d’administration peu avant qu’elle s’annonce au bord du dépôt de bilan.

« Tous les candidats auront une chance équitable, mais les candidats doivent nous convaincre qu’ils sont qualifiés pour le poste et que leur intégrité est sans reproche », résument les députés issus du groupe PPE à l’approche des auditions. Les eurodéputés pourraient aussi s’attaquer non pas à la personne, mais à l’intitulé des postes. Celui de vice-président exécutif à la « Protection de notre mode de vie européen », attribué au Grec Margaritis Schinas, qui doit chapeauter les politiques de migration et d’affaires intérieures, a créé la polémique.

Face aux demandes du Parlement, la marge de manœuvre d’Ursula von der Leyen est très étroite puisqu’elle a été confirmée par les députés avec une majorité de seulement 9 voix.

LQ/AFP