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La CEDH condamne le Portugal pour surpopulation carcérale


Prévue pour accueillir 686 personnes, une prison de Porto hébergeait plus du double de détenus. (illustration AFP)

La Cour européenne des droits de l’Homme a condamné mardi le Portugal pour « traitement dégradant » dans une affaire visant les « conditions de détention » d’un homme incarcéré six ans et demi à la prison « surpeuplée » de Porto.

L’affaire avait été portée devant la CEDH par un homme condamné pour vol au Portugal et placé en détention à la prison de Porto entre le 19 octobre 2012 et libéré le 6 mars 2019. La cour a souligné que la prison « a été surpeuplée d’un bout à l’autre de la période » de détention : prévue pour accueillir 686 personnes, elle était occupée selon les années de 1 070 à 1 207 détenus, soit un taux d’occupation oscillant entre 156 et 175%.

Les sept juges ont remarqué que le détenu disposait de « moins de 3m² d’espace personnel », et estiment en conséquence qu’il « a traversé une épreuve d’une intensité qui excède le niveau inévitable de souffrance inhérent à la détention », notamment au regard de la « longue durée de la période d’incarcération ».

« Traitement dégradant »

Ils ont également pointé « l’absence de chauffage » qui constitue un « facteur aggravant » pouvant provoquer la « détresse » du détenu.

A l’unanimité, la Cour a donc condamné le Portugal pour « traitement dégradant », en violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’Homme, et lui impose de verser 14.000 euros pour « dommage moral » à l’ex-détenu.

La surpopulation carcérale est régulièrement épinglée par la CEDH. En janvier, elle avait estimé que cela constituait un « problème structurel » dans les prisons françaises, et avait condamné le Portugal sur des questions similaires en décembre 2019. Elle a également rendu, envers l’Italie, la Roumanie ou la Hongrie, plusieurs arrêts pilotes, qui intiment à ces pays de prendre des mesures après des requêtes multiples et face à un problème systémique.

LQ/AFP