La Birmanie a annoncé lundi qu’elle allait placer dans un camp de transit un premier groupe d’une soixantaine de réfugiés rohingyas, revenus du Bangladesh sans être passés par les procédures de rapatriement prévues entre les deux pays.
Près de 700 000 musulmans rohingyas ont trouvé refuge l’an passé au Bangladesh pour fuir la campagne de répression de l’armée birmane, qualifiée d’épuration ethnique par la communauté internationale. Dans leur grande majorité, les Rohingyas ne veulent pas pour l’instant revenir en Birmanie, pays très largement bouddhiste et où ils ne bénéficient d’aucun droit et d’aucune protection, estime l’ONU.
Le gouvernement birman a affirmé, dans un communiqué publié dans les journaux officiels lundi, que 58 réfugiés qui ne trouvaient plus « acceptables » les conditions dans les camps de réfugiés, étaient revenus. Arrêtés dans un premier temps puis envoyés en prison, ces réfugiés ont finalement été graciés par le président et seront donc envoyés dans un camp, est-il précisé dans le communiqué.
Ils sont revenus en Birmanie au cours des quatre derniers mois, a déclaré Zaw Htay, le porte-parole de la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, sans donner plus de détails. « Nous n’avons pas entendu parler de cas de réfugiés qui ont quitté les camps pour rentrer de leur propre gré » en Birmanie, a déclaré le commissaire aux réfugiés du Bangladesh Mohammad Abul Kalam.
Scepticisme
Beaucoup de scepticisme avait déjà entouré le retour annoncé par la Birmanie d’une première famille de musulmans rohingyas mi-avril. Le gouvernement birman a expliqué que le groupe de 58 personnes serait le premier à être envoyé dans un gigantesque camp de transit du côté birman établi dans le cadre d’un accord de rapatriement conclu entre les deux pays à la fin de l’année dernière.
La question du retour des réfugiés est suivie de près par la communauté internationale, les ONG s’inquiétant de l’impréparation de la Birmanie, censée construire des camps d’accueil temporaires, les villages rohingyas ayant été souvent brûlés dans les violences.
La Birmanie accusait jusqu’ici le Bangladesh d’être la cause du retard dans le rapatriement, mais le gouvernement est confronté à une armée et une opinion publique influencées par le nationalisme bouddhiste et largement opposées au retour des Rohingyas.
Le Quotidien/AFP