L’Irak s’est dit vendredi confiant dans la victoire très prochaine de ses troupes à Mossoul face au groupe Etat islamique (EI), une organisation jihadiste responsables d’atrocités et d’attentats qui subit également des revers en Syrie voisine.
Trois ans après s’être emparés de vastes régions dans ces deux pays meurtris par des conflits, les jihadistes sont pris aujourd’hui en étau dans leurs principaux fiefs de Mossoul en Irak, et de Raqa en Syrie, et leur « califat » est désormais en lambeaux.
Avec l’aide cruciale de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis, les forces irakiennes ont lancé en octobre 2016 l’offensive pour reprendre Mossoul, dernier grand fief urbain de l’EI en Irak et deuxième ville du pays.
Soutenue par la même coalition, une force arabo-kurde syrienne a elle lancé en novembre 2016 une offensive pour chasser l’EI de Raqa, capitale de facto du groupe en Syrie, pays ravagé depuis 2011 par une guerre complexe.
« Dans les prochains jours, nous annoncerons la victoire finale sur Daech », a affirmé le général Abdel Ghani al-Assadi à l’AFP à Mossoul, en utilisant un acronyme en arabe de l’EI. Il a estimé qu’entre 200 à 300 jihadistes, en majorité des étrangers, se trouvaient encore dans la vieille ville de Mossoul, dernier carré de la cité où ils ont été acculés.
Jeudi, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi avait estimé que le « califat » proclamé par l’EI en juin 2014 sur les territoires conquis en Syrie et en Irak, touchait à sa fin.
Le même jour, un porte-parole de la coalition internationale, le colonel américain Ryan Dillon, avait dit que la reprise totale de Mossoul, aux mains de l’EI depuis 2014, était une question de « jours ».
Il a fallu huit mois aux forces irakiennes pour progresser jusqu’à Mossoul et reprendre la grande majorité de la ville face à la résistance farouche de l’EI, une organisation responsable d’atrocités dans les zones sous son contrôle et d’attentats meurtriers à travers le monde.
Vendredi, les combats se poursuivaient dans le Vieux Mossoul où les rues étroites et la présence de nombreux civils rendent l’avancée des forces irakiennes extrêmement délicate. Des dizaines de milliers de civils y sont « retenus comme boucliers humains », selon les Nations unies.
L’ONU s’est en outre inquiété des menaces croissantes, notamment d’évictions forcées, contre des civils à Mossoul soupçonnés de liens avec l’EI. Elle a appelé le gouvernement irakien à « agir pour mettre fin à de telles évictions ou à tout type de punition collective »
Jeudi, les forces irakiennes sont parvenues au site quasi-détruit de la mosquée emblématique Al-Nouri, où Abou Bakr al-Baghdadi avait fait en juillet 2014 son unique apparition publique connue en tant que chef de l’EI pour appeler tous les musulmans à lui « obéir ».
Le sort de Baghdadi demeure inconnu. Le 16 juin, la Russie a affirmé l’avoir probablement tué dans un raid aérien fin mai près de Raqa. La coalition internationale n’a pas confirmé sa mort. La mosquée Al-Nouri et le minaret penché surnommé « la tour de Pise irakienne », ont été détruits le 21 juin par les jihadistes.
La ville de Mossoul a été dévastée par les combats qui ont poussé des centaines de milliers d’habitants à la fuite. Aucun bilan global de victimes civiles ou militaires n’a été officiellement fourni mais certaines sources ont fait état de centaines de civils tués. Malgré la pression accrue et les multiples offensives, l’EI continue de résister.
L’EI se retire d’Alep
En Syrie, le groupe fait face à une vaste offensive des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui cherchent à le chasser de Raqa (nord). Les jihadistes sont désormais encerclés dans cette ville où près de 100.000 civils sont « pris au piège » selon l’ONU.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), des combats continuent d’opposer à Raqa les FDS, soutenues par les raids de la coalition, aux jihadistes qui ont néanmoins réussi, à la faveur de contre-attaques, à reprendre le quartier al-Senaa qu’ils avaient perdu récemment.
Quelque 2.500 jihadistes combattent à Raqa, selon le général britannique Rupert Jones, commandant en second de la coalition internationale.
Subissant un autre revers en Syrie, l’EI s’est totalement retiré d’une vingtaine de villages qui étaient encore sous son contrôle dans la province d’Alep (nord) face à la progression des forces prorégime, a indiqué l’OSDH.
Selon une étude du cabinet d’analyse IHS Markit, l’EI a perdu en trois ans 60% du territoire qu’il occupait en Irak et en Syrie et 80% de ses revenus.
La montée en puissance de l’EI en 2014 avait été permise par la guerre dévastatrice en Syrie qui a fait plus de 320.000 morts depuis mars 2011, et par l’instabilité politique et sécuritaire en Irak.
Le Quotidien / AFP